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Que voyons-nous là ? Est-ce que cela ne ressemble pas à un tombeau pour les couples romains d'autrefois, homme et femme l'un à côté de l'autre comme taillés dans la pierre - seulement ce ne sont pas que deux têtes qui sont en relief mais le corps entier, un couple grandeur nature, en même temps détaché de la pierre commune, pas en relief, mais pour ainsi dire, des sculptures ou figures entières, chacun debout dans sa niche serrée, l'une près de l'autre. Vêtements et visages montrent le même gris-blanc que l'alcôve qui les abrite. Gris-blanc aussi les yeux, ici comme là fermés. Les deux statues ou figures ont la même attitude, les têtes pareillement alignées.
Cependant en regardant plus longuement, une différence saute aux yeux, et bien plus grande que celle entre homme et femme. L'homme, bien que debout comme la femme à côté de lui, semble, non seulement à cause de ses joues creuses et ratatinées, mais aussi à cause de cette bouche retrécie et de ces tempes concaves, mort et au-delà, comme seulement on peut paraître au-delà. Ça ne change rien que quelqu'un, peut-être un passant éméché, lui ait barbouillé les lèvres en rouge, lui ai collé un nez de clown rouge et embobiné le front de fragments d'une bande magnétique.
La statue de la femme à ses côtés, malgré sa couleur de craie, nous apparaît comme, comment disait-on autrefois ? la vie florissante. Cela provient d'abord, comme seulement dans la vie, de ses lèvres retroussées et du large sourire énigmatique qui s'y dessine, de l'éclat lumineux qui irradie son visage, lequel au lieu de la mort apparaît comme dans un rêve qui se déploie vers sa culmination, et enfin, de ses seins à moitié nus qui, comment disait-on jadis ? qui se gonflent, et que l'on voit aller et venir au rythme de sa respiration. A NEW MAJOR HANDKE DRAMA IS IN THE OFFING [2] AND A MINOR ONE [1] THAT ALREADY PREMIERED IN FRANCE AND WAS WRITTEN IN FRENCH IS NOW PLAYING AT THE BERLINER ENSEMBLE
1] Gastspiel Comédie de Valence: Beckett LA DERNIÈRE BAND & Handke JUSQU`À CE QUE LE JOUR VOUS SÉPARE
http://www.berliner-ensemble.de/
http://www.nzz.ch/nachrichten/kultur/aktuell/eine_beckett-randnotiz_1.1940499.html
Eine Beckett-Randnotiz Das Berliner Ensemble zeigt eine französische Handke-Uraufführung
Dirk Pilz
«Nach Beckett kamen», schreibt Peter Handke, «nur unsere sekundären Stücke.» In seinem kurzen Programmhefttext denkt er dabei vor allem an Becketts Monolog «Das letzte Band», ein Stück, das er als die «notwendige, vollkommene Reduzierung des Theaters» begreift. Diese These wird kaum bestritten; und richtig ist sicher auch Handkes Selbsteinschätzung: Sein «sehr kleines», bisher nur auf Französisch erschienenes Drama «Bis dass der Tag euch scheidet oder Eine Frage des Lichts» rechnet er zu ebenjener Gattung der sekundären Stücke. Denn es ist, wie er treffend anmerkt, «ein bald schwaches, widersprechendes, verstümmeltes, bald starkes, verstärktes, verherrlichtes Echo» auf «Das letzte Band». Eine schmale Randnotiz, kaum mehr als eine improvisierende Phantasie zu einzelnen Beckett-Motiven.
r l' "affaire Handke"
Le Nouvel Observateur est mis en cause dans une pétition signée par les défenseurs du romancier et dramaturge Peter Handke. Dans une rubrique intitulée "Sifflets", le journal avait reproché à Peter Handke sa présence à l'enterrement de Slobodan Milosevic, à Pozarevac, le 18 mars dernier, cérémonie qui fut l'occasion d'une vaste manifestation politique d'hommage à la mémoire de l'ancien dictateur. Nous faisions notamment référence aux prises de position proserbes de l'écrivain autrichien lors du conflit qui a ensanglanté l'ex-Yougoslavie, positions qui tendaient à justifier la politique du président serbe. A la même époque, notre journal avait condamné avec vigueur Slobodan Milosevic pour ses responsabilités dans le déclenchement de la guerre et dans l'organisation des massacres de civils connus sous le nom de "purification ethnique", ce qui lui a valu d'être traduit devant le Tribunal pénal international pour génocide et crimes de guerre. Plusieurs erreurs factuelles très regrettables se sont glissées dans notre texte.
Peter Handke les souligne dans le droit de réponse que nous publions ci-après et qui paraîtra la semaine prochaine dans le Nouvel Observateur avec un retard dont nous le prions de nous excuser. Cela ne retire rien au désaccord de fond que nous avons avec lui sur l'interprétation des conflits de l'ex-Yougoslavie. Pour autant nous regrettons que cette polémique ait pu motiver la déprogrammation par la Comédie Française de la pièce de cet écrivain de grand talent, "Voyage au pays sonore, ou l'art de la question", qui devait être créée en janvier 2007 au théâtre du Vieux-Colombier.
Droit de réponse de Peter Handke à l'article paru dans le Nouvel Observateur le 6 avril dernier
"Je n'ai pas déposé une rose rouge sur le corbillard de Slobodan Milosevic. Je n'ai pas touché le corbillard. Je n'ai pas brandi le drapeau serbe. Et jamais je n'ai approuvé "le massacre de Srebrenica et autres crimes commis au nom de la purification". Jamais je n'ai considéré les Serbes comme "les vraies victimes de la guerre". Et à Pozarevac, je ne suis pas venu " en voyageur de la vérité". Je ne suis pas l'auteur de "Justice pour la Serbie", mais du "Voyage hivernal aux fleuves Danube, Save, Morava et Drina" (Gallimard). Et nulle part, dans mon petit discours à Pozarevac, je n'ai dit : "Je suis heureux d'être près de Slobodan Milosevic, qui a défendu son peuple." Ce qui est vrai : j'ai prononcé le discours en "serbe" (ou serbo-croate) ! Et pour les lecteurs, je le traduis ici en français : "Le monde, le soi-disant monde, sait tout sur la Yougoslavie, la Serbie. Le monde, le soi-disant monde, sait tout sur Slobodan Milosevic. Le soi-disant monde sait la vérité. Pour cela, le soi-disant monde est aujourd'hui absent, et pas seulement aujourd'hui, et pas seulement ici. Je sais que je ne sais pas. Je ne sais pas la vérité. Mais je regarde. J'écoute. Je ressens. Je me souviens. Pour cela je suis aujourd'hui présent, près de la Yougoslavie, près de la Serbie, près de Slobodan Milosevic." P. H.
[NDLR : Le "Voyage hivernal aux fleuves Danube, Save, Morava et Drina" est paru en allemand sous le double titre "Eine winterliche Reise zu den Flüssen Donau, Save, Morawa und Drina, oder Gerechtigkeit für Serbien". En français : Justice pour la Serbie. Ce qui était également le titre de la série de reportages publiés auparavant dans la SüddeutscheZeitung et dont ce livre est tiré.] http://www.liberation.fr/page.php?Article=391526 Les séances du Vieux-Colombier que j'organise sont des conversations amicales, accompagnées de lectures. Ce ne sont pas des débats.
Le lendemain de la décision du retrait de la pièce de Handke par Marcel Bozonnet, que j'ai soutenu dès le début, j'ai supposé Bruno Bayen, que j'avais invité à une séance du Vieux-Colombier sur le thème «écrire, traduire», pris dans un choix forcé : ne pas approuver Peter Handke, mais ne pas le trahir. J'ignorais à vrai dire sa position, qu'il ne me disait pas.
Il est sorti du choix en se rangeant du côté des adversaires de la décision.
Je lui ai écrit le 1er juin que je ne nous voyais pas dialoguer sur le fond de cette opposition, dans une conversation qui «impliquerait de l'un de nous un silence coupable, ou entre les deux, un débat tout à fait vain». Le temps viendrait peut-être, ajoutais-je loyalement, d'une conversation publique. Il a voulu en conclure que je jugeais désormais illégitime de porter ses textes à la connaissance du public. Libre à lui. Mais libre à moi aussi de m'en tenir là désormais.
Dans l'affaire Handke, le débat est vain, les positions tranchées. Au moins ça. Mais que les tyrans ont d'amis ! --Inline Attachment Follows-----
http://www.liberation.fr/page.php?Article=379630
Le 18 mars, Peter Handke s'est rendu à l'enterrement de Slobodan Milosevic. Voici l'intégral du discours qu'il a lu à cette occasion et qu'il a ensuite envoyé au journal allemand «Focus». Les annotations entre parenthèses sont les siennes. «J'aurais souhaité ne pas être le seul écrivain ici, à Pozarevac. J'aurais souhaité être aux côtés d'un autre écrivain, par exemple Harold Pinter. Il aurait eu des paroles fortes. Je n'ai que des paroles de faiblesse. Mais la faiblesse est de mise aujourd'hui, en ce lieu. C'est un jour non seulement de paroles fortes, mais aussi de paroles de faiblesse. Sur le même sujet A ECOUTER • «Peter Handke ne sait pas où est le monde, il ne sait pas où est la vérité»
»(Ce qui suit a été prononcé en serbo-croate – texte rédigé par moi seul ! – et retraduit ensuite par moi en allemand). Le monde, ce qu'on appelle le monde, sait tout sur la Yougoslavie, sur la Serbie. Le monde, ce qu'on appelle le monde, sait tout sur Slobodan Milosevic. Ce qu'on appelle le monde sait la vérité. C'est pourquoi ce qu'on appelle le monde est aujourd'hui absent, et pas seulement aujourd'hui, et pas seulement ici. Ce qu'on appelle le monde n'est pas le monde. Je sais que je ne sais pas. Je ne sais pas la vérité. Mais je regarde. J'entends. Je ressens. Je me souviens. J'interroge. C'est pourquoi je suis présent aujourd'hui, auprès de la Yougoslavie, auprès de Slobodan Milosevic.»
Avec son discours, Handke a envoyé à «Focus» un texte d'accompagnement, qu'il a titré: «Les motifs de mon voyage à Pozarevac, en Serbie, sur la tombe de Slobodan Milosevic.» «Contrairement à "l'opinion générale", dont je mets en doute le caractère général, je n'ai pas réagi "avec satisfaction" à la nouvelle de la mort de Slobodan Milosevic, étant de surcroît avéré que le tribunal a laissé mourir le détenu incarcéré depuis cinq ans dans une prison soi-disant «cinq étoiles» (selon les termes du journal français «Libération»). Non assistance à personne en danger: n'est-ce pas un crime? J'avoue avoir éprouvé, le soir qui suivit la nouvelle de sa mort, quelque chose qui ressemblait à du chagrin et qui fit germer en moi, tandis que je marchais dans les petites rues, l'idée d'allumer quelque part une bougie pour le mort.
»Et les choses devaient en rester là. Je n'avais pas l'intention de me rendre à Pozaverac, pour l'enterrement. Quelques jours plus tard, je reçus l'invitation, non pas du parti, mais des membres de la famille qui d'ailleurs assistèrent ensuite pour la plupart à l'enterrement, contrairement à ce qui fut dit. Evidemment, c'est moins cela qui m'incita à faire le voyage que les réactions des médias occidentaux, complètement hostiles à Milosevic (et encore plus hostiles après sa mort), ainsi que les porte-parole du tribunal et de tel ou tel "historien". Ce fut le langage tenu par eux tous qui m'incita à prendre la route. Non, Slobodan Milosevic n'était pas un "dictateur". Non, Slobodan Milosevic n'a pas à être qualifié de "boucher de Belgrade". Non, Slobodan Milosevic n'était pas un "apparatchik", ni un "opportuniste". Non, Slobodan Milosevic n'était pas "sans aucun doute" coupable. Non, Slobodan Milosevic n'était pas un "autiste" (quand d'ailleurs les autistes s'opposeront-ils à ce que leur maladie soit utilisée comme une insulte?) Non, Slobodan Milosevic, par sa mort dans sa cellule de Scheveningen, ne "nous" (le tribunal) a pas joué "un vilain tour" (Carla del Ponte, procureure du tribunal pénal international). Non, Slobodan Milosevic, par sa mort, ne nous a pas "coupé l'herbe sous le pied" et ne "nous" a pas "éteint la lumière" (la même). Non, Slobodan Milosevic ne s'est pas soustrait "à sa peine irréfutable de prison à perpétuité".
»Slobodan Milosevic n'échappera pas en revanche au verdict des historiens, terme d'un "historien": de nouveau des propos non seulement faux mais indécents. C'est ce langage qui m'incita à tenir mon mini-discours à Pozarevac – ce langage en première et dernière instance. Cela m'a poussé à faire entendre un autre langage, non, l'autre langage, non pas par fidélité envers Slobodan Milosevic, mais envers cet autre langage, ce langage non journalistique, non dominant. En entendant tel ou tel orateur me précédant à Pozarevac, cette impulsion, tout de même: non, il ne faut pas parler après ce général incisif, ni après cet autre membre du parti appelant à la vengeance, qui tous deux tentent d'exciter la foule, laquelle évidemment, exceptés quelques individus isolés qui hurlent avec les loups, ne se laissa d'aucune façon entraîner à une réponse collective de haine ou de colère: car il s'agissait d'une foule d'êtres en deuil, profondément et silencieusement affligés. Telle fut mon impression la plus durable.
»Et c'est pour ces êtres affligés, contre les formules fortes et vigoureuses, que je finis tout de même par ouvrir la bouche, comme on le sait. Au titre de membre de cette communauté en deuil. Réaction: Peter Handke le «claqueur» («Frankfurter Allgemeine Zeitung»). Y a-t-il langage plus délabré que celui-là? Un claqueur, qu'est-ce que c'est? Quelqu'un qui applaudit pour de l'argent. Et où sont les applaudissements? Et je n'ai jamais déclaré non plus être "heureux" («FAZ») auprès du mort. Et où est l'argent? J'ai payé moi-même mon billet d'avion et mon hôtel. Toutefois, le besoin principal qui m'a poussé à me rendre sur sa tombe était celui d'être témoin. Ni témoin à charge ni témoin de la défense. Est-ce que désormais ne pas vouloir être témoin à charge signifie être témoin de la défense? "Sans aucun doute", pour reprendre l'un des maîtres mots du langage dominant.»
Comment ca s/ecrit Handke domicile a recit La chronique de Mathieu Lindon. par Mathieu LINDON QUOTIDIEN : jeudi 16 mars 2006 Peter Handke A ma fenetre le matin. Carnets du rocher 1982-1987. Traduit de l/allemand (Autriche) par Olivier Le Lay. Verdier, 486 pp.,
=L/enfant, porte par son pere, effleurait le bras de celui-ci juste au-dessus du coude ; sensation de tendresse animale, toute de delicatesse ; l/enfant ne voulait rien de son pere, ne le caressait pas non plus, l/effleurait simplement (24 aout 1982).= Ces notations, qui s/achevent sans point comme toutes celles d/A ma fenetre le matin, apparaissent des la premiere page de ces Carnets du rocher 1982-1987 qui couvrent une periode salzbourgeoise de la vie de Peter Handke, quand il ecrit le Chinois de la douleur, le Recommencement, Apres-midi d/un ecrivain et l/Absence, et se terminent =au moment precis ou mon enfant achevait sa scolarite=. Comme bien d/autres pages de l/ecrivain autrichien ne en 1942, elles pourraient, selon son auteur, porter comme dedicace : =Pour celui que ca concerne.= Il ecrit egalement dans sa =notice preliminaire= de 1997 : =Et si je devais donner une idee, ici, de ce qui constitue la singularite de ces carnets, je dirais peut-etre ceci : des maximes et des reflexions ? Non, plutot des reflets ; des reflets, involontaires, pour ainsi dire circonspects ; des reflets nes d/une circonspection profonde, fondamentale, et qui veulent osciller a leur tour, osciller aussi, par-dela le simple reflet, si loin que porte le souffle.= Divers themes interviennent, de la Yougoslavie qui continuera a interesser Peter Handke, a Goethe, Kafka ou Thomas Bernhard sur lesquels il exprime des opinions originales (=L/imitation de Goethe=, a mes yeux, est une _expression infiniment plus parlante que =l/Imitation de Jesus-Christ==), en passant par des notations plus anecdotiques comme celle-ci entendue au restaurant de l/aeroport : ==Un serveur qui n/est meme pas capable de sourire pourrait tout aussi bien etre un client== Peter Handke recuse le terme de sujet dont il faudrait =s/emparer=, mais un des elements les plus presents tout au long du livre est celui du recit, des mots, de l/action de raconter. On peut suivre dans la continuite. =Raconter c/est aussi effacer des traces ; les chiens ne trouvent plus ta piste=, =Raconter : faire se succeder les rayons de soleil=, =La lumiere et l/air toujours changeants d/un objet a l/autre : ce que je voudrais tout au long de centaines de pages lumineuses et aerer pouvoir decrire et raconter=, =Epopee : raconte-moi ton secret pour qu/il soit sauvegarde (si ton secret reste en toi il ne sera pas sauvegarde)=, =La narration doit etre une decouverte, y compris pour le narrateur et en meme temps : il ne faut pas raconter de decouvertes prealables ; raconter signifie produire, et le recit des recits est le recit sur le recit : le recit est le PERSONNAGE PRINCIPAL=, =La derniere terre habitable pour l/âme humaine est la terre du recit (ce matin en marchant dans la brume froide de la ville)=, =Decouverte liberatrice : ne pas avoir de sujet ; n/avoir que le recit a raconter=, =Le javelot (du recit) ne part pas a proprement parler de moi, me traverse plutot=, =Raconter =prudemment=, au sens ou l/on se deplace prudemment pour ne pas effaroucher une bete= , =Recit, toi seul connais notre solitude (28 fevr., 12 h 20, fini la Repetition)=. Mais il n/y a pas que le recit : il y a les mots et tout ce qui conduit au recit. =Lecture couronnee de succes : je m/approprie un nouveau mot=, =Chaque experience me donne un muscle ; et c/est de la multiplication de ces muscles delicats et inapparents que nait le recit=, =Le conteur muet : au fond j/ai toujours ete de ces conteurs muets ; c/est depuis le mutisme que je me suis elance dans la narration ; et c/est seulement alors, dans cet elan, qu/on m/a entendu !=, =C/est que je sens une force dans mes mains qui me poussa sans cesse a me mettre a l/oeuvre, oui, a oeuvrer. Et la nature de cette force ? Elle me bride, me refrene. La force doit etre ainsi !=, =Souille par les phrases se purifier de simples mots=, =Qu/est-ce que l/inspiration ? Donner vie a un mot (je me repete ?)=, =Ecrire : me hausser a la place qui est la mienne= =Vouloir prendre part a une chute de neige, a la neige qui tombe, ca existe, et c/est un desir= : il y a, dans A ma fenetre le matin, des notations ou on sent sinon le recit, du moins la narration venir. Par exemple, aussi, quand des phrases que rien au premier abord ne parait reunir se suivent, entrecoupees juste d/une ligne de blanc. On peut lire ainsi =Il est beau de dire, au lieu de =la terre=: =l/histoire universelle=; par exemple : =J/ai beaucoup deambule dans l/histoire universelle==, puis, juste apres, =Il voulut se derober a la douleur et elle le submergea (22 nov.)= . Ou ces simples lignes qui font tout le recit en elles-memes : =Le vendeur, m/enveloppant l/article dans du papier journal, hier, m/a fait penser a son fils disparu, dont le portrait, apres qu/il s/etait enfui de prison, avait ete reproduit il y a peu dans le meme journal (3 juillet 1983)= . Il y a quelque chose d/emouvant dans les affirmations et les interrogations de Peter Handke au long d/A ma fenetre le matin, un ecrivain pour qui la litterature, aussi, c/est =Averer mes mensonges= et qui en arrive a se demander : =Comment se fait-il que tant de gens a peine sortis de l/enfance me paraissent =profanes=? Ils etaient donc consacres avant ?= =========== http://www.gilles-jobin.org/citations/?P=h&au=173 Peter Handke 1942 [...] une voix qu/on distinguait au milieu de tout rassemblement, meme quand elle ne parlait pas fort. (La femme gauchere, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.22, ed. Folio no1192) Pensez ce que vous voudrez. Plus vous croirez pouvoir parler de moi, plus je serai libre a votre egard. Parfois, il me semble que ce qu/on apprend de neuf sur les gens n/a deja plus de valeur. a l/avenir, si quelqu'un m'explique comment je suis - et fut-ce pour me flatter ou me rendre plus forte -, je n'admettrai plus une telle insolence. (La femme gauchere, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.33., ed. Folio no1192) L/homme dont je reve sera celui qui aime en moi la femme qui ne depend plus de lui. -Et qu/aimerez-vous en lui ? - Cette sorte-la d/amour. (La femme gauchere, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.64, ed. Folio no1192) Je suis si seul que le soir avant de m/endormir, je ne trouve personne a qui penser, simplement parce que de toute la journee, je n/ai ete en compagnie de personne. Et comment ecrire, si on n/a personne a qui reflechir ? (La femme gauchere, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.80, ed. Folio no1192) Votre visage est si doux - comme si vous aviez sans cesse conscience de ce qu/il nous faut mourir. (La femme gauchere, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.99, ed. Folio no1192) etre seul produit la souffrance la plus glacee, la plus degoutante qui soit : on devient inconsistant. (La femme gauchere, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.105, ed. Folio no1192) Dans ma mansarde je me mets moi aussi souvent a la lucarne rien que pour voir les nuages. Alors je sens que je vis encore. (La femme gauchere, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.111, ed. Folio no1192) [L/auteur parle de sa mere, suicidee.] Un sanglot ridicule dans les toilettes quand j/etais petit, quelqu/un qui se mouche, des yeux rouges et battus. Elle etait ; elle fut ; elle ne fut rien. (Le malheur indifferent, trad. Anne Gaudu, p.52, ed. Folio no976) [...] meme quand les phrases ont l/apparence d/une citation, elles ne doivent a aucun moment faire oublier qu/elles s/appliquent, pour moi du moins, a quelqu/un de particulier - et pour qu/elles me paraissent utilisables, il faut que l/idee centrale, forte et bien pesee, soit ce pretexte personnel, prive si l/on veut. (Le malheur indifferent, trad. Anne Gaudu, p.54, ed. Folio no976) Les avantages n/etaient en general que des desavantages manquants : pas de bruit, pas de responsabilite, pas de travail chez les autres, pas de depart journalier de la maison et de separation des enfants. Les desavantages reels etaient donc annules par les desavantages absents. (Le malheur indifferent, trad. Anne Gaudu, p.76, ed. Folio no976) [...] je suis sure que ce n/est pas par avidite de posseder que les enfants ne peuvent pas se separer des choses, c/est par peur. Ils eprouvent une terreur quasi animale lorsqu/une chose qui faisait encore partie d/eux se trouve tout a coup ailleurs, quand l/endroit ou elle se trouvait est, tout a coup, vide. Eux-memes ne savent plus ou est leur place [...]. (La courte lettre pour un long adieu, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.81, ed. Folio no1716) Nous [les Americains] avons ete eduques a toujours voir la nature avec un frisson moral. Sous chaque coup d/oeil sur un cañon, il pourrait y avoir une phrase de la Constitution des etats-Unis [...]. (La courte lettre pour un long adieu, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.111, ed. Folio no1716) Nous [les Americains] ne passons pas notre temps a vouloir etre seul ; on devient meprisant quand on reste seul, on ne fait plus que se renifler soi-meme et quand on n/a plus que soi-meme comme interlocuteur, on s/arrete de parler des le premier mot. (La courte lettre pour un long adieu, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.171, ed. Folio no1716) En Amerique, il n/y a pas de chemins, il n/y a que des routes [...]. (La courte lettre pour un long adieu, trad. Georges-Arthur Goldschmidt, p.175, ed. Folio no1716) === Handke a la trace
par Andre Clavel
L/Autrichien entraine le lecteur dans une divagation europeenne. Pas facile de le suivre
Alors que l/Otan commencait a pilonner Belgrade, une voix s/est elevee, seule contre toutes, pour defendre les Serbes: celle de l/Autrichien Peter Handke, mousquetaire des causes perdues dont la presse europeenne ne tarda pas a faire un mouton noir. Mais l/auteur de La Femme gauchere entend egalement rester incorrect quand il fait son metier d/ecrivain: avec son titre a rallonges, Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille est un roman qui derange. Parce qu/il mele realisme et onirisme jusqu/au vertige, comme du Buñuel remixe par Wim Wenders. Parce qu/il ne cesse de brouiller les pistes, au fil d/une quete initiatique au bout de laquelle ne scintille aucun Graal. Malaise assure, donc, face a cette histoire somnambulique ou se confesse un heros sans nom, dont on sait seulement qu/il est pharmacien et qu/il vit a Taxham, petite localite glauque a quelques encablures de Salzbourg. Mi-Homais mi-Oblomov, passionne de mycologie, cet apothicaire dephase est un border-line qui va fuir l/Autriche en compagnie d/un poete et d/un ancien champion de ski. Drole de trio, dont les divagations beckettiennes se termineront au fin fond de l/Andalousie, apres un periple chaotique ou la geographie s/estompe peu a peu dans un halo de reveries, de considerations plus ou moins ecologiques et de ruminations fantasmatiques parfois gratuites. Entre-temps, le lecteur deroute aura perdu ses reperes. Il n/est pas sur que Peter Handke lui-meme s/y retrouve. http://livres.lexpress.fr/critique.asp?idC=1695&idR=10&idTC=3&idG=4 === http://www.lelibraire.com/din/aut.php?Id=22968 === a ma fenetre le matin Carnets du rocher 1982-1987 | | Traduit de l/allemand (Autriche) par Olivier Le Lay | | 496 pages 22,80 € ISBN : 2-86432-468-7 | = Les lignes qui composent ces carnets ont ete ecrites lors des cinq dernieres annees d’un sejour de huit ans a Salzbourg, Autriche. Ce sont la, avant toute chose, notes, perceptions, reflexions et questions, nees d’une periode de sedentarite ou j’ai habite mon pays, ma terre natale, ou j’ai travaille et aussi, partant, beaucoup musarde. En recopiant ces notes salzbourgeoises, ces instants et ces heures, j’ai du supprimer les trois-quarts du texte de depart : en regle generale des citations de lecture, la plupart des reves, de nombreuses descriptions, la majorite des points de vue (j’en ai reproduit malgre tout quelques-uns, surtout, comme on l’imagine, afin de donner au lecteur des verges pour me battre). Pour tout dire, je n’ai presque rien change aux notes qui ont donne naissance a ce texte. Ce recueil s’est attache exclusivement au lieu, dans toute son ampleur, ainsi qu’a ses ramifications, discretes et moins discretes, aux endroits ou les instants sont nes pour prendre forme : a la sedentarite. Et si je devais donner une idee de ce qui constitue la singularite de ces carnets, je dirais peut-etre ceci : des maximes et des reflexions ? non, plutot des reflets ; des reflets, involontaires, pour ainsi dire circonspects ; des reflets nes d’une circonspection profonde, fondamentale, et qui veulent osciller a leur tour, osciller aussi, par-dela le simple reflet, si loin que porte le souffle. =
P.H.
Et me voila assis = enfin = sur la rive du Lago di Doberdò, sur une barque branlante, avec un peu d’eau sur les bordages peints, me voila assis sous un saule, formes lanceolees devant le ciel sombre, assis a la proue d’une barque dont l’etrave sous mes yeux designe les roseaux tres hauts, d’un vert profond, exactement ces plantes fourrageres que, chez moi, sur le lac aujourd’hui presque comble, vers le nord, par-dela les Alpes, on avait coutume d’appeler hasch. Le sol de la foret touffue, presque inextricable, tout a l’heure sur la rive, etait tapisse de tiges de roseaux qui m’arrivaient aux chevilles – le lac s’est retire si loin en ete ? ecoute, Philip ! Le bruissement des aulnes et des peupliers hauts comme des tours, le jasement d’un geai, la pluie qui commence a tomber sur les roseaux, piquette l’eau. Les ruines de la guerre sur le versant rocheux de l’autre cote du lac, les araignees d’eau a portee de main telles des patineuses, leur ombre sous elles. Dais lumineux des saules, les petites feuilles protegent a peine de la pluie. Auparavant cette route sur la rive ou filait une colonie de faisans, longues queues, les uns derriere les autres, a touche-touche, et deux retardataires fermaient la marche – le gue qu’ils avaient trace faisait etinceler la route deserte, presence par l’absence. Et les araignees d’eau desormais ne courent plus, restent immobiles sur l’eau comme si elles attendaient quelque chose. La barque est amarree a un vieux saule epais et moussu et des coleopteres semblables a des fourmis grouillent au profond du lac. Et les araignees d’eau a l’arret, pattes ecartees, demultipliees par les ombres, ont quelque chose de l’homme aux multiples bras de Leonard de Vinci, a ceci pres que ces = hommes =, la, sur et dans le lac, sont innombrables, remplissent les eaux de la surface aux profondeurs, comme les sauriens volants qui dans les temps prehistoriques remplissaient les airs, se croisaient et se survolaient. Devoir, oui, devoir de rester assis la a attendre, opiniâtre, devoir trop souvent dedaigne – et je neglige ainsi mon metier, oui ! – Et maintenant l’eau du Karst tremble et fremit dans le vent qui succede a la pluie, et un coleoptere d’un gris etincelant bondit de l’eau, ca et la, court ensuite en rond comme un herisson : singulier vehicule amphibie que celui-la, seule sa carapace ovale, de dos, emerge de l’eau. En haut les betes = courent =, courent et s’arretent – et en bas, au fond du lac, dans la boue, elles marchent. Longtemps, sur une large etendue, jusqu’aux zones sans roseaux, presque au loin (le lac est a la fois grand et petit), les eaux tremblent a plusieurs endroits comme si de petites gouttes en ridulaient la surface, mais ce ne sont pas des gouttes, juste des explosions minuscules, inaudibles, venues du sol calcaire poreux – = comme si des gouttes tombaient =, sans qu’on apercoive toutefois la moindre goutte au centre de ces cercles concentriques. Les coleopteres amphibies, effarouches, ne s’enfuient pas alors tout droit, ne plongent pas non plus, mais decrivent des boucles, des huit. ∞∞∞88888888. Motif merovingien-carolingien-lombard === Le Colporteur, 1969 L’Angoisse du gardien de but au moment du penalty, 1972 Le Malheur indifferent, 1975 La Courte Lettre pour un long adieu, 1976 L’Heure de la sensation vraie, 1977 La Femme gauchere, 1978 Le Poids du monde, 1980 Lent retour, 1982 Les Frelons, 1983 Histoire d’enfant, 1983 Par les villages, 1983 La Lecon de la Sainte-Victoire, 1985 Le Chinois de la douleur, 1986 L’Histoire du crayon, 1987 Poeme a la duree, 1987 Apres-midi d’un ecrivain, 1988 Le Recommencement, 1989 L’Absence, 1990 Essai sur la fatigue, 1991 Essai sur le juke-box, 1992 Voyage au pays sonore ou l’art de la question, 1993 Essai sur la journee reussie, 1994 Un Voyage hivernal vers le Danube, la Save, la Morava et la Drina, 1996 Mon annee dans la baie de personne, 1997 Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille, 2000 Pourquoi la cuisine ?, 2001 Lucie dans la foret avec les trucs-machins, 2002 La Perte de l’image, 2004
| Outrage au public, 1968 Gaspard, 1971 Les gens deraisonnables sont en voie de disparition, 1978 La Chevauchee sur le lac de Constance, 1979 Le pupille veut etre tuteur, 1983 L’heure ou nous ne savions rien l’un de l’autre, 1993 Preparatifs d’immortalite, 1998 |
| Aux editions Christian Bourgois | Bienvenue au conseil d’administration, 1980 Faux mouvement, 1980 Chronique des evenements courants, 1984 Images du recommencement, 1987 J’habite une tour d’ivoire, 1992 Le Vent et la Mer, 1992 Espaces intermediaires, 1992 Le Non-sens et le Bonheur, 1993 Encore une fois pour Thucydide, 1996
| Autour du grand tribunal, 2003 | ===== ---- LES MOTS MASQUES
=On peut aller au theatre ou pas, ecouter de la musique ou pas, mais on est oblige de manger. Et cela se prepare dans la cuisine, qui est l'endroit de la maison ont lieu les choses les plus importantes de la vie familiale. S'il y a un probleme dans un couple et qu'on en parle au salon, a passe. Si on en parle dans la cuisine, c'est grave=,dit Mladen Materic. Comme dans ses spectacles precedents (Jour de fete, Le ciel est loin la terre aussi, L'Odyssee...), Mladen Materic a travaille une forme tres particuliere d'improvisation : =Il n'y a pas ou peu de paroles, les acteurs doivent trouver d'autres moyens. C'est un peu comme s'ils avaient des masques. Un acteur masque doit faire sans le visage. Ici, ce sont les mots qui sont masques.=
Et puis, Mladen Materic conclut avec un recit en forme de fable : =Quand il y a eu l'explosion de l'usine, a Toulouse, des fenetres de la cuisine de notre maison ont ete cassees. Le lendemain, je suis sorti ramasser les debris. Et je me suis dit deux choses. Premierement : c'est de a que parle le spectacle. Deuxiemement : etant de Sarajevo, depuis combien de temps je ramasse les verres des fenetres que je n'ai pas cassees, moi ? Et jusqu'a quand je vais le faire ? Je pense que nos cuisines sont de plus en plus exposees. Elles le sont trop.=
Brigitte Salino Le Monde date du mardi 6 novembre 2001 Droits de reproduction et de diffusion reserves; Le Monde 2001 La Cuisine= : Mladen Materic et Peter Handke refont le monde dans leur cuisine
Le metteur en scene cosigne avec l'ecrivain un spectacle joue au Theatre de la Bastille a Paris. LA CUISINE, de Mladen Materic et Peter Handke, dans le cadre du Festival d'automne, du 6 au 24 novembre, au Theatre de la Bastille, 76, rue de la Roquette, Paris-11e. Tel. : 01-43-57-42-14. Du mardi au samedi a 21 heures ; dimanche a 17 heures. 12,50 euros (82 F) et 19,06 euros (125 F).
Mis a jour le lundi 5 novembre 2001
Par un dimanche radieux d'octobre, Mladen Materic est passe par Paris, venant d'Amiens avait ete presentee La Cuisine, son nouveau spectacle, corealise avec Peter Handke et cree au Theatre Garonne, a Toulouse, au printemps. =La Cuisine= de Mladen Materic et Peter Handke au Theatre de la Bastille | D.R. Cette fois, c'etait bon. La Cuisine avait trouve son rythme, apres un an et demi de gestation et deux mois de repetition. =Peter Handke est venu a Amiens. Il etait content. Trop, peut-etre=, dit Mladen Materic, homme d'humour et metteur en scene de l'ellipse, installe en France depuis 1992. Cette annee-la, il a quitte Sarajevo avec sa femme et ses deux fils pour n'y plus revenir. =Je n'ai jamais pense, ou pas pense revenir a Sarajevo. J'ai laisse faire la vie.=
La vie, en Yougoslavie, avant la guerre, c'etait le theatre Tattoo, la troupe que Mladen Materic avait fondee. Une troupe en marge, qui inventait des spectacles sans paroles mais non sans histoires, vite reperes. En 1986, a Sarajevo, Mladen Materic rencontre Marie Collin, responsable du theatre au Festival d'automne, et Jacky Ohayon, directeur du Theatre Garonne a Toulouse. Ils l'invitent a Paris. Plus tard, Jacky Ohayon prendra en charge son installation en France, o sa compagnie est maintenant subventionnee par l'Etat.
Comment cela se passe-t-il, quand on est serbe en France ? Mladen Materic dit n'avoir pas eu de problemes dans le cercle des gens avec qui il travaille. =Il y a eu dans la presse franaise beaucoup de choses que j'ai prises comme des insultes personnelles. Je n'ai jamais voulu parler de politique. Une fois, un journaliste m'a demande ma nationalite. Je lui ai repondu : =Je suis un Serbe de Bosnie.= L'homme m'a regarde : =Quand meme, c'est plutOt une attitude politique.= Je n'ai plus voulu parler avec lui. Il me reprochait que ma mere, mon pere et mes grands-parents soient serbes. C'etait indigne.=
Mladen Materic garde la meme reserve sur Peter Handke et ses positions proserbes : =Je le considere comme quelqu'un qui paye ses factures. Il a emis ses opinions, a lui a cote ce que a lui a cote. J'ai toujours beaucoup de respect pour ce type d'attitude. Lui, je le respecte comme quelqu'un qui est toujours en quete d'une paix. Pour le reste, je ne travaille pas avec l'un ou l'autre a cause de ses positions. Le travail ne peut pas s'etablir sur cette base. Avec Peter Handke, il repose sur le fait que nous nous connaissons depuis un certain temps.= Ainsi est nee La Cuisine, qui s'appelle de son vrai nom La Cuisine de Mladen Materic et Peter Handke, pour des raisons toutes betes de droits (Arnold Wesker ayant ceux de La Cuisine, piece fameuse mise en scene par Ariane Mnouchkine en 1967). La collaboration entre l'ecrivain et le metteur en scene s'est tissee autour des memes bases qui avaient uni Peter Handke et Wim Wenders pour Les Ailes du desir : beaucoup de discussions, puis chacun chez soi, Mladen Materic a Toulouse, sur le plateau, et Peter Handke en banlieue parisienne, a sa table. La Poste jouerait l'intermediaire, transmettant des textes favorite handke quotes in french below...reviews of SIERRE DEL GREDOS....etc. Les plus belles citations de handke peter ... une voix qu'on distinguait au milieu de tout rassemblement, meme quand elle ne parlait pas fort. [ La femme gauchere ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS Dans ma mansarde je me mets moi aussi souvent a la lucarne rien que pour voir les nuages. Alors je sens que je vis encore. [ La femme gauchere ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS En Amerique, il n'y a pas de chemins, il n'y a que des routes ... . [ La courte lettre pour un long adieu ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS Etre seul produit la souffrance la plus glacee, la plus degoutante qui soit: on devient inconsistant. [ La femme gauchere ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS Je suis si seul que le soir avant de m'endormir, je ne trouve personne a qui penser, simplement parce que de toute la journee, je n'ai ete en compagnie de personne. Et comment ecrire, si on n'a personne a qui reflechir? [ La femme gauchere ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS L'homme dont je reve sera celui qui aime en moi la femme qui ne depend plus de lui. -Et qu'aimerez-vous en lui? - Cette sorte-la d'amour. [ La femme gauchere ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS Nous (les Americains) avons ete eduques a toujours voir la nature avec un frisson moral. Sous chaque coup d'oeil sur un canon, il pourrait y avoir une phrase de la Constitution des Etats-Unis ... . [ La courte lettre pour un long adieu ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS Nous (les Americains) ne passons pas notre temps a vouloir etre seul; on devient meprisant quand on reste seul, on ne fait plus que se renifler soi-meme et quand on n'a plus que soi-meme comme interlocuteur, on s'arrete de parler des le premier mot. [ La courte lettre pour un long adieu ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS Un sanglot ridicule dans les toilettes quand j'etais petit, quelqu'un qui se mouche, des yeux rouges et battus. Elle etait; elle fut; elle ne fut rien. [ Le malheur indifferent ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS Votre visage est si doux - comme si vous aviez sans cesse conscience de ce qu'il nous faut mourir. [ La femme gauchere ] Handke, Peter | Informations?| Envoyer a un ami | Envoyer par SMS Si malgre vos recherches vous ne trouvez pas votre citation n'hesitez pas a laisser un message dans le forum Le saviez-vous? Le logiciel Maximes permet ces recherches hors connexion mais aussi de creer une liste de citations preferees ! S'abonner a la citation du jour Recevez chaque jour par E.mail la citation du jour. | Le pupille veut etre tuteurPeter Handke / Odile Duboc Mercredi 9Jeudi 10Vendredi 11Samedi 12 mai20h30Cooperative A l automne 99, Jean-Claude Berutti, metteur en scene, m invite a participer a la creation de Le pupille veut etre tuteur qui devait se jouer a l ete 2000 au Theatre du Peuple a Bussang.Je ne connais pas le travail de Jean-Claude Berutti, ni le Theatre de Bussang, ni cette oeuvre de Peter Handke. L invitation toutefois m intrigue : je sais qui est Jean-Claude Berutti, j entends depuis mon arrivee en Franche-Comte parler de Bussang, j aime l ecriture de Peter Handke. Je prends connaissance du pupille veut etre tuteur. L emotion physique que j eprouve a la lecture de ce mimodrame paysan , tel que Peter Handke le decrit, me convainc tout de suite de cette collaboration et c est avec enthousiasme que j accepte.Au jour ou je parle, ce travail n a pas encore eu lieu, mais la pensee a fait son chemin.Au-dela de l envie de travailler avec Jean-Claude et de decouvrir comment il va traiter Le pupille et comment je vais l aider, un desir plus personnel s est ancre progressivement en moi. En realiser ma propre vision par la suite.Le traitement du temps, de l espace, la precision des actes de chacun des deux protagonistes, tout me parle profondement, sans doute pour les enjeux choregraphiques qui y sont contenus.Est nee pour toutes ces raisons l envie d offrir ce texte a des danseurs. A ce plaisir s est ajoute un nouvel enjeu, celui de rendre le pupille et le tuteur feminins.A present, je ne suis plus que dans cette sensation du temps si forte dans l oeuvre de Peter Handke. Et, je me souviens de ce jour ou je m etais surprise a ecouter le bruit discontinu des vagues s echouant sur le sable et non plus a n entendre qu un seul flot de sons plus ou moins fournis.Je m etais etonnee de ces courtes plages de silence total qui concluent chaque fois le deferlement de la vague et de ses moindres repercussions en meme temps qu elles annoncent l eveil et la naissance de la suivante.Chaque vague qui nat semble ainsi prendre appui sur ces silences. Ces silences me renvoient aux temps de suspension si presents dans Le pupille veut etre tuteur, revenant de facon irreguliere, mais necessaires a reveler son sens et a donner vie aux personnages.Odile DubocEn 1966, Peter Handke, qui s est deja insurge dans son oeuvre contre les manipulations que le langage fait subir a la conscience humaine, ecrit Outrage au public, avec lequel il essaie, a la maniere des auteurs des happenings, de provoquer le spectateur en lui jetant au visage des insultes de tous vocabulaires : moraux, familiers, politiques, etc. Le public, defie, reste passif. Handke en deduit que cette inertie est due a la situation du consommateur auquel l a reduit le theatre traditionnel, qui, par son infrastructure autoritaire , force le spectateur au mutisme et a l immobilite. Avec Gaspard ecrit en 1967, Handke prend un personnage a la conscience linguistiquement vierge pour etudier le processus de sa socialisation au moyen de slogans divers qui le suggestionnent peu a peu.Ce sont, avec Introspection et Appel au secours, les premieres Sprechstuecke, ses pieces parlees. Le pupille veut etre tuteur represente une suite logique a cette recherche.En 1968, Handke publie un texte qui s avere etre en fait le proces-verbal d une representation muette, une sorte de longue deposition - plutot qu une didascalie - minutieuse, precise, parfois humoristique, a propos d un combat derisoire. Handke n ecrit pas, il decrit le pupille, qu il qualifiera de mimodrame paysan . Ce terme mimodrame s applique parfaitement a cette representation dans la mesure ou celle-ci n?est ni une pantomime ni une dramatique theatrale.Philippe van KesselAutour d une ferme, qui est le lieu de l action, s etendent des champs de betteraves et de mas. Dans la piece principale de la ferme, deux personnages : le fermier et un jeune garon qui, probablement, aide aux travaux de la ferme.C est le fermier - le tuteur - qui a bien entendu le pouvoir. Mais par des details de comportement de plus en plus sensibles, le garon - le pupille - indique au tuteur que ce pouvoir est conteste, puis ebranle.Dans un premier temps, le tuteur feint de ne pas voir les signes de la contestation ; dans un deuxieme temps il pose sur le pupille des regards interrogateurs : s il ne parvient que peniblement a vivre de la culture de la betterave et du mas, ne serait-ce pas du fait qu il est lui-meme, le fermier, un pupille, mais de qui au juste ?A la fois libre et dependant, un troisieme personnage, le chat, contemple les protagonistes ou le public, alternativement, a moins qu il ne prenne part a telle phase de l action, semble-t-il, mais toujours comme sans en avoir l air et pour s en detacher presque aussitot. N est-ce pas sa maniere a lui, l imprevisible, de mettre en cause le deroulement de la piece, et du meme coup les comediens, le metteur en scene, l auteur lui-meme et le public, toutes les parties qui se disent prenantes du spectacle ? Le pupille Stefany Ganachaud_Le tuteur Franoise Rognerud_Mise en scene Odile Duboc_Avec la complicite manifeste de Franoise Michel_Lumiere Franoise Michel_Regard silencieux Jean-Claude BeruttiCoproduction Centre Choregraphique National de Franche-Comte, Theatre Granit. Les gens deraisonnables sont en voie de disparition1978 Extrait de Les gens deraisonnables sont en voie de disparitionMa faon de parler t amuse. Je prefererais moi aussi m exprimer par le manque de mots comme les gens simples dans la piece de theatre l autre jour, tu te souviens ? Alors tu aurais au moins pitie de moi. Moi, je souffre de ce que pour moi l envie de parler fait partie de la souffrance. Pour vous n est digne de pitie que celui qui ne peut pas parler de sa souffrance. Par les villages1983 L absence1985 Notes ou essais
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Peter Handke LA PERTE DE L'IMAGE OU PAR LA SIERRA DE GREDOS [004], trad. de l'allemand par Olivier Le Lay , 640 pages, 40 x 05 mm. Collection Du monde entier, Gallimard -rom. ISBN 07076579. 7,00
http://www.gallimard.fr/
Resume Une jeune femme, ala tete d'un empire financier, quitte un matin sa grande ville d'Europe du Nord pour rejoindre la Manche, region aride et sauvage rendue illustre par Cervantes. Elle veut y retrouver l'auteur qu'elle a charge d'ecrire sa biographie et qui vit retire la-bas depuis des annees. Chemin faisant, la = princesse de la finance = s'adresse en pensee ason auteur, l'interroge, previent ses questions, ses remarques, ses objections. Elle evoque sa fille adolescente, independante et fugueuse, son jeune frere, en prison pour terrorisme, et son ancien compagnon, loin d'elle depuis des annees. Arrivee enfin dans le = palais de gentilhomme campagnard = ou vit l'auteur, elle s'installe au coin du feu pour raconter en detail sa traversee de la Sierra de Gredos. L'auteur n'a plus qu'aecrire le roman de cette femme, l'histoire de la perte de l'image - et de sa redecouverte. Don Quichotte montrait qu'al'effondrement du monde medieval succedait l'effondrement de sa reproduction factice ; de meme Handke nous depeint une societe moderne parvenue ala fin d'un cycle, sevree d'authenticite et totalement infeodee al'artifice. La tache de l'ecrivain, en cet = entre-temps =, consiste afrayer la voie, coÃÃÆ’‚»te que coÃÃÆ’‚»te, vers des images nouvelles et vraies, pour sauver ce qui peut l'etre d'une certaine grace du monde.
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Litterature Peter Handke Le resistant
Exigeant, decale, misanthrope, l'ecrivain autrichien fustige, dans = La perte des images =, nos societes liberales. Une prose tranchante et intense. Rencontre avec celui qui hait = les ecrivains putains =.
Jacques-Pierre Amette Le plus grand ecrivain autrichien vit dans les Hauts-de-Seine depuis une dizaine d'annees. Il occupe une maison en retrait, al'abri dans la verdure. Si on a lu = Mon annee dans la baie de Personne = (recit-chronique publie en 997), on connait avec une infinie precision les innombrables jardinets, pavillons de calcaire ou de meuliere dissemines dans ces collines boisees vers Chaville, ou il habite. Dans la cour, feuilles, buissons, vieille table de jardin, creux de haies, le long des marches de l'escalier exterieur, des piles de livres - souvent de poche - rendus cloques ou humides par les averses recentes. A l'interieur, une grande piece, ala fois salon et salle amanger, baigne dans une demi-penombre. Silence molletonne. Dans une coupelle sur la table, quelques champignons fraichement cueillis. Quelque chose de vide, demeuble, qui trempe dans des epaisseurs de calme. Handke, assis aun coin de table, tres droit, avec sa chevelure soigneusement divisee par le milieu, ressemble aun chevalier grave par Duerer. Un Perceval au regard acere, teint hale de garde forestier qui vit au grand air. Un curieux bouquet de plumes d'oiseaux sort de la poche de son veston. La voix est murmuree, avec des circonlocutions coupees net, parfois, par une formule, puis de nouveau une sinuosite volubile, mais quelque chose d'oriente vers une invisible exigence, des couches profondes de l'etre.
Celui qui a commence sa carriere de dramaturge en 966 par un = outrage au public =, une revolte devant les conformismes litteraires, les facilites de la litterature engagee ou plate aussi bien au theatre que dans le roman, n'est en rien assagi.
A 6 ans, il hait toujours ce qu'il appelle = les ecrivains putains = qui encombrent les librairies avec leurs romans prefabriques.
Sa stupefiante celebrite survient quand il publie, en 97, = La courte lettre pour un long adieu =. L'etroit volume devient le manifeste d'une generation. La dechirure, la separation entre le narrateur et la femme aimee. Ajoutez le got des voyages, la precision baudelairienne pour decouvrir les villes americaines qu'on retrouvera chez son ami cineaste Wim Wenders. Routes, forets, conversations, eclairages, timbres de voix reminiscences, couleurs fraiches, paysage urbain, tout chez lui parait dans une prose tranchante, intense et meticuleuse jusqu'al'hallucination. Depuis, il approfondit. Jusqu'aepuisement, saturation, perte, fatigue, illumination. Il cisele son art pour lui donner une hauteur goetheenne. Et, en meme temps, il crie sa rage contre la couverture journalistique dans la guerre des Balkans et prend le parti des Serbes, comme Patrick Besson. N'oublions pas qu'il est Slovene par sa mere.
Sa carriere a toujours ete recompensee (prix Buechner) et contestee. On reconnait l'electricite de son intelligence et, en meme temps, sa faculte de s'enliser dans des pages d'ennui epais. Sa prose provoque ala fois des demangeaisons urticantes et, quelquefois, un charme neuf, decape. Ce misanthrope est curieusement fraternel ; il est stupefait par la beaute originelle du monde. = Tout est la! tout est la! =, s'ecrie- t-il, enthousiaste, au detour de la conversation.
On retrouve tout cela dans l'instable volume touffu de = La perte des images =.
De quoi s'agit-il ? Du voyage d'une banquiere qui abandonne sa ville du nord de l'Europe pour traverser l'Espagne. Don Quichotte n'est pas loin. De Valladolid elle se rendra dans la sierra de Gredos, puis elle ira dans la Manche, pour y rencontrer un ecrivain qui doit raconter ses experiences. Road movie et epopee pour temps futurs... L'action se passe au moment ou les Americains debarqueront sur Mars... On est frappe par le melange de voyage initiatique et de commentaire philosophique postsituationniste. Ampleur epique, descriptions de petites communautes qui vivent dans un avenir qui ressemble aun nouveau Moyen Age avec des cafeterias de western...
Un art de paysagiste hallucine
Le livre est apre, difficile d'acces, impregne de lueurs fatales, de premonitions d'une violence critique contre nos societes liberales. Il y a du tatonnement, une sombre curiosite, des ombres apocalyptiques. Des constats sociologiques longuets, voire terribles. Mais aussi, aussi, un art de paysagiste hallucine, vrai, aride, inspire. Un voyant s'oublie dans sa passion magnifique. Plus que jamais, Handke est decale, designe, post-romantique, presque wagnerien et parsifalien dans un univers qu'il juge en perdition.
Il y a chez lui du moine. Comment ne pas penser aLuther fustigeant la = grande putain = romaine ? Comment ne pas penser aun autre artiste de l'imprecation, autrichien lui aussi, Thomas Bernhard, l'homme qui decrivait l'insupportable lourdeur du monde postnazi ? Il y a une lugubre delectation chez ces deux ecrivains de haut vol. Ce sont nos deux grands forestiers : enveloppes des nuages et des brouillards de haute futaie autrichienne.
Ce qui est assure, c'est que = La perte des images = decrit des societes en proie aux images factices qui trainent partout ala tele et nous eloignent de notre propre vie interieure. Handke, lui, resiste. Dans l'exil de son oeuvre, il se construit.
L'infiniment petit et l'infiniment grand se forment et se cristallisent avec, parfois, des intuitions merveilleuses. Le total depaysement qu'on eprouve alire = La perte des images = plaide pour lui exactement comme, au XVIIIe siecle, le deploiement intellectuel de Jean-Jacques Rousseau choquait ou enchantait. La distillation handkienne est sans doute un tresor adecouvrir autant qu'un encombrant cadeau aaccepter
= La perte des images ou la sierra de Gredos =, de Peter Handke, traduit de l'allemand par Olivier Le Lay (NRF Gallimard, 646 pages, 7 euro).
cr le point 9/04/04 - 650 - Page 34 - 969 mots
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Peter Handke : Auparavant, j'ecrivais de la poesie, je n'avais pas de reponse en moi-meme. Alors je me suis dit : = Je vais ecrire une longue, longue histoire. = Apres un certain temps, je me suis dit : = Si je m'arretais ala page 00 ? = Et cela continuait. Peut-etre est-ce le vieillissement aussi. J'ai suivi chaque petite trace qui se dessinait devant moi. Je me suis dit pourquoi pas. C'est tellement bien d'etre dans l'ecriture comme dans une patrie dangereuse. Le Point : Comme une patrie... ?
Peter Handke : ... dangereuse ! Ma patrie dangereuse. Alors je reste le plus longtemps possible, je suis les traces. Avec mon rythme, avec mes mots, avec des phrases, des paragraphes.
Un bon voisin
Mais j'aimerais bien etre un bon voisin. C'est la plus grande idee qui existe pour moi. Un bon pere, je ne sais pas. Comment faire ? Mais etre un bon voisin, je vois bien comment il faut faire.
M'imaginer en femme
Dans = La perte des images =, je voulais m'imaginer en femme. J'en avais un peu marre de dire = je = comme je l'ai fait dans = Mon annee dans la baie de Personne =. C'etait fini. En plus, c'est un peu comme un hommage aAdalbert Stifter, ecrivain epique du XIXe siecle, qui est pour moi, je n'aime pas les superlatifs, mais qui est un des grands de la narration allemande de tous les siecles.
Le = nouveau roman = m'a sauve
Le Point : Aujourd'hui, personne ne veut d'epopee, personne ne veut de poeme, personne ! Pourquoi est-ce que cela vous vient, vous ?
Peter Handke : C'est ma nature profonde. J'ai commence avec un soi-disant roman qui s'appelait = Les frelons =. Il est assez influence par le nouveau roman francais, par Claude Simon surtout. Aussi Robbe-Grillet. Cela m'a aide car moi j'etais toujours en danger de tomber dans l'autoanalyse. Le nouveau roman m'a aide am'exterioriser, regarder les choses. J'ai toujours regarde les choses, toujours le triangle : l'homme, la chose et moi, le triangle eternel. Alors le nouveau roman m'a sauve et permis de devenir epique. Je suis un auteur epique avec un rythme poetique.
La voleuse de pommes
Mon heroine, la banquiere, est une femme nee dans un village, ala campagne. Je voulais d'abord appeler le livre = La voleuse de pommes =. Elle est habituee avoler, mais elle vole uniquement des pommes dans un jardin.
Lire
Moi, j'ai envie de donner alire. Mais pas du genre : tout est clair al'avance... Les phrases sont claires... Il faut que le lecteur puisse suivre l'eclaircissement, que sa lecture devienne un processus. Sinon, pour moi, cela ne vaut pas la peine de lire.
Commencer un livre
Les debuts ? Quand je commence un livre ? Je suis angoisse. Je rode autour de la table et je fais les cent pas dans le jardin pendant des heures et des heures, je fais de la gymnastique idiote. C'est presque chaque jour comme cela.
La geologie
Je n'ai pas envie de frimer, mais je connais la geologie, j'ai une petite idee de toutes les formations geologiques. Quand j'etais vraiment dans une espece de crise, on ne dit plus crise, mais al'epoque, c'etait une crise, la geologie, l'etude de la geologie etait un rite revelateur des choses souterraines. Cela m'a aide - aide, ce n'est pas le mot - mais cela me pousse. Je crois que Goethe a ete sauve quand il est revenu d'Italie, il ne voulait plus retourner en Allemagne. Quand il est revenu, l'idee de savoir ce qui se passe dans les pierres l'a aide. Quand il a traverse les Alpes pour rentrer, il a tape sur les roches ala frontiere autrichienne-italienne, il a tape et ecoute le bruit du marteau sur la pierre, c'etait comme le bruit de la mort.
Les = Provinciales =
Dernierement, j'ai lu les lettres editees sous le titre de = Provinciales = de Pascal : c'est tellement beau, c'est tellement cinglant. C'est comme un couteau en meme temps. C'est comique comme Moliere ! Eclatant ! J'aimerais bien ecrire comme cela !...
Mai 68
Je crois qu'avec Mai 68 il est arrive quelque chose de pas vraiment bien. Quelque chose est mort dans les genes des gens pour l'instant. Je crois que l'imagination au pouvoir, c'est la phrase la plus detestable. Je crois que ceux qui l'ont creee, c'etait le pouvoir qui les interessait, pas l'imagination. Ils avaient imagine le pouvoir, cela c'etait leur seule imagination... Tous ces gens s'autofelicitent, s'autocelebrent sans arret. Ils n'ont rien fait de bien, je trouve
cr le point 9/04/04 - 650 - Page 36 - 770 mots ======================================================
Peter Handke Le promeneur stipendie
Patrick Besson
Dans le bureau de mon editrice Helene Guillaume, chez Fayard, je trouve la photocopie d'un article sur Peter Handke paru dans Liberation le 7 octobre 00. Il est signe Lorraine Millot. Helene me tend la photocopie en disant d'un air mechant : = Votre Handke. = Ce m'est pas mon Handke, c'est le sien aussi, c'est celui de tout le monde. Je pense au nombre de fois ou on a dit aHandke : = Votre Besson. = Mais c'est pareil : je ne suis pas le Besson de Handke, je suis le Besson de tout le monde.
Le pupille veut etre tuteur Peter Handke / Odile Duboc Mercredi 9Jeudi 10Vendredi 11Samedi 12 mai20h30Cooperative A l automne 99, Jean-Claude Berutti, metteur en scene, m invite a participer a la creation de Le pupille veut etre tuteur qui devait se jouer a l ete 2000 au Theatre du Peuple a Bussang.Je ne connais pas le travail de Jean-Claude Berutti, ni le Theatre de Bussang, ni cette oeuvre de Peter Handke. L invitation toutefois m intrigue : je sais qui est Jean-Claude Berutti, j entends depuis mon arrivee en Franche-Comte parler de Bussang, j aime l ecriture de Peter Handke. Je prends connaissance du pupille veut etre tuteur. L emotion physique que j eprouve a la lecture de ce mimodrame paysan , tel que Peter Handke le decrit, me convainc tout de suite de cette collaboration et c est avec enthousiasme que j accepte.Au jour ou je parle, ce travail n a pas encore eu lieu, mais la pensee a fait son chemin.Au-dela de l envie de travailler avec Jean-Claude et de decouvrir comment il va traiter Le pupille et comment je vais l aider, un desir plus personnel s est ancre progressivement en moi. En realiser ma propre vision par la suite.Le traitement du temps, de l espace, la precision des actes de chacun des deux protagonistes, tout me parle profondement, sans doute pour les enjeux choregraphiques qui y sont contenus.Est nee pour toutes ces raisons l envie d offrir ce texte a des danseurs. A ce plaisir s est ajoute un nouvel enjeu, celui de rendre le pupille et le tuteur feminins.A present, je ne suis plus que dans cette sensation du temps si forte dans l oeuvre de Peter Handke. Et, je me souviens de ce jour ou je m etais surprise a ecouter le bruit discontinu des vagues s echouant sur le sable et non plus a n entendre qu un seul flot de sons plus ou moins fournis.Je m etais etonnee de ces courtes plages de silence total qui concluent chaque fois le deferlement de la vague et de ses moindres repercussions en meme temps qu elles annoncent l eveil et la naissance de la suivante.Chaque vague qui nait semble ainsi prendre appui sur ces silences. Ces silences me renvoient aux temps de suspension si presents dans Le pupille veut etre tuteur, revenant de facon irreguliere, mais necessaires a reveler son sens et a donner vie aux personnages.Odile Duboc En 1966, Peter Handke, qui s est deja insurge dans son oeuvre contre les manipulations que le langage fait subir a la conscience humaine, ecrit Outrage au public, avec lequel il essaie, a la maniere des auteurs des happenings, de provoquer le spectateur en lui jetant au visage des insultes de tous vocabulaires : moraux, familiers, politiques, etc. Le public, defie, reste passif. Handke en deduit que cette inertie est due a la situation du consommateur auquel l a reduit le theatre traditionnel, qui, par son infrastructure autoritaire , force le spectateur au mutisme et a l immobilite. Avec Gaspard ecrit en 1967, Handke prend un personnage a la conscience linguistiquement vierge pour etudier le processus de sa socialisation au moyen de slogans divers qui le suggestionnent peu a peu.Ce sont, avec Introspection et Appel au secours, les premieres Sprechstuecke, ses pieces parlees. Le pupille veut etre tuteur represente une suite logique a cette recherche.En 1968, Handke publie un texte qui s avere etre en fait le proces-verbal d une representation muette, une sorte de longue deposition - plutot qu une didascalie - minutieuse, precise, parfois humoristique, a propos d un combat derisoire. Handke n ecrit pas, il decrit le pupille, qu il qualifiera de mimodrame paysan . Ce terme mimodrame s applique parfaitement a cette representation dans la mesure ou celle-ci n?est ni une pantomime ni une dramatique theatrale.Philippe van KesselAutour d une ferme, qui est le lieu de l action, s etendent des champs de betteraves et de mas. Dans la piece principale de la ferme, deux personnages : le fermier et un jeune garcon qui, probablement, aide aux travaux de la ferme.C est le fermier - le tuteur - qui a bien entendu le pouvoir. Mais par des details de comportement de plus en plus sensibles, le garcon - le pupille - indique au tuteur que ce pouvoir est conteste, puis ebranle.Dans un premier temps, le tuteur feint de ne pas voir les signes de la contestation ; dans un deuxieme temps il pose sur le pupille des regards interrogateurs : s il ne parvient que peniblement a vivre de la culture de la betterave et du mas, ne serait-ce pas du fait qu il est lui-meme, le fermier, un pupille, mais de qui au juste ?A la fois libre et dependant, un troisieme personnage, le chat, contemple les protagonistes ou le public, alternativement, a moins qu il ne prenne part a telle phase de l action, semble-t-il, mais toujours comme sans en avoir l air et pour s en detacher presque aussitot. N est-ce pas sa maniere a lui, l imprevisible, de mettre en cause le deroulement de la piece, et du meme coup les comediens, le metteur en scene, l auteur lui-meme et le public, toutes les parties qui se disent prenantes du spectacle ? Le pupille Stefany Ganachaud_Le tuteur Francoise Rognerud_Mise en scene Odile Duboc_Avec la complicite manifeste de Francoise Michel_Lumiere Francoise Michel_Regard silencieux Jean-Claude BeruttiCoproduction Centre Choregraphique National de Franche-Comte, Theatre Granit. |
En ce moment, pour Magazin, le supplement du vendredi de Sueddeutsche Zeitung, Handke suit le proces Milosevic aLa Haye. Ce qu'il ecrit ace sujet ne plait pas aLorraine Millot. Lorraine Millot sait que dans un article il faut commencer par presenter la personne dont on parle. = Peter Handke, c'est l'ecrivain autrichien qui, al'automne 996... = Premiere attaque en pique : = ... c'est-a-dire apres Srebrenica =. Srebrenica ? Lorraine Millot va nous rafraichir la memoire : = (8 000 Musulmans massacres par les forces serbes en juillet 995) = . Comme si on ne le savait pas. En plus, ce ne sont pas les forces serbes qui etaient aSrebrenica, mais les forces serbes de Bosnie. Handke, donc, = etait parti se promener en Serbie, al'arriere des champs de bataille, et avait rapporte des impressions de voyage destinees a=rendre justice= ala Serbie =. Handke n'est pas parti pour la Serbie, il est parti se promener en Serbie. Et ou ? A l'arriere des champs de bataille. Pour quoi faire ? Rapporter des impressions. Des impressions de quoi ? De voyage . Dans quel but ? Ici, il faut admirer les guillemets et l'italique : = Rendre justice = ala Serbie. Les expressions = se promener =, = al'arriere =, = impressions de voyage =, ainsi groupees, doivent montrer au lecteur de Liberation que Peter Handke est un etre frivole (il se promene), lache (il se promene al'arriere des champs de bataille) et evanescent (il a des impressions). Et, au bout du compte, que veut faire cet etre frivole, lache et evanescent ? = Rendre justice = ala Serbie. Lorraine Millot sous-entend que cette tache est bien au-dessus de ses moyens, et meme au-dessus des moyens de tout le monde. Il est simplement impossible, pour Lorraine Millot, que quelqu'un puisse un jour rendre justice ala Serbie. Il serait criminel d'y songer !
= Cette fois, c'est donc aLa Haye que Peter Handke est parti se promener, sur commande de Magazin. = Il ne part jamais, Handke : il part se promener. C'est simple : Lorraine Millot veut lui interdire la promenade. Cet homme qui se promene, ca l'excede ! D'autant que, la, il se promene = sur commande =. C'est le promeneur stipendie ! La facon dont Handke rend compte du proces ne plait pas du tout aLorraine Millot. Elle lui reproche surtout de decrire les crocus qui entourent le tribunal. Forcement, une fille qui deteste autant les promenades ne peut pas aimer les crocus. Le moins qu'on puisse dire sur Lorraine Millot, c'est qu'elle n'a pas l'ame bucolique. Elle en veut aussi aHandke de = citer Milosevic enumerant les crimes dont les Serbes furent victimes =. Evidemment : puisque Milosevic ment tout le temps, il ment aussi quand il enumere les crimes dont les Serbes furent victimes, c'est donc que les Serbes n'ont ete victimes d'aucun crime, il est par consequent absurde de vouloir leur = rendre justice =.
Le gros trait mechant : = Peter Handke pourra toujours dire qu'il fait lade la litterature. = Que Lorraine Millot se rassure : au moins, elle est certaine de ne pas en faire, elle, de la litterature ! Je lis plus loin : = ... les insinuations qui passent par sa tete d'ecrivain =. Lorraine Millot aurait pu ecrire, en plus c'aurait ete moins long : = qui lui passent par la tete =. Mais non, ce que Lorraine Millot veut pointer du doigt, c'est bien sa tete alui, Peter Handke, sa tete pas normale, = sa tete d'ecrivain =. ca ne suffit pas d'interdire aHandke de se promener, il faut aussi lui couper la tete !
Pourquoi tant de haine ? Dans l'article de Magazin, Liberation est qualifie d'= entreprise modele de vente de prejuges =. Serge July, la prochaine fois que vous voudrez venger votre journal, prenez votre propre plume : elle fonctionne mieux.
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08 Mai 2005
Le cas Handke
Il y a deja quelques temps, quand Caphouf/ n/etait pas encore harcelee par ses collegues de bureau et avait encore un peu de temps a me consacrer, nous avions eu la conversation emessenesque suivante:
Caphouf/: =Tu connais Peter Handke?=
Moi: =Ah ouais je l/adorea=
Je ne saurais plus dire ce qu/il s/est passe mais quelque chose m/a immediatement alertee. Etait-ce un long blanc de l/autre cote de mon ecran? Un =ah bon= etonne ou une toute autre reaction? Je ne sais plus, mais j/ai rapidement compris que j/avais dit une connerie! Je remonte dans la conversation et je m/apercois qu/en lisant Peter Handke, j/ai pense Stephan Zweig… Pas tout a fait pareil mais bon, ne sont-ils pas tous les deux Autrichiens? Et puis, comme j/ai encore plus de mal a me souvenir des noms qu/a me souvenir des physionomies, a ce moment la, c/est l/image du =Loup des steppes=, de Hermann Hesse me traverse l/esprit. On s/eloigne… Voila un bouquin que j/ai lu a 15 ans, auquel je n/ai evidemment rien compris et dont je ne garde naturellement aucun souvenir si ce n/est une certaine impression de malaise. Je lance un timide:
=Ah oui, il serait pas un peu facho sur les bord?=
A peine ai-je envoye ma reponse que je realise ma nouvelle erreur, je suis en train de taper une rectification explicative quand je recois la reponse de Caphouf=, un tres etonne =mais… comment tu le sais?????????=
Mais voyons, ma Caphouf=, parce que je sais tout…
Non, plus serieusement, j/en savais rien, j/avais confondu…
Alors la, je me sens obligee de mettre la casquette a reflechir sur la vitesse superieure. Et oui, mon handicape qui consiste a melanger les noms, les titres de livres, a en oublier les histoires a peine le bouquin ferme et a ne jamais me souvenir de quoi que ce soit de toute facon, ca n/aide pas vraiment a briller en societe.
Cela dit, maintenant que j/y reflechi un peu, Handke, ca m/evoque les annees 70/, tous ces allemands (pardon, germanophones) contestataires, tellement choques par la guerre de leurs ancetres qu/ils sont plus a gauche et pacifistes que le commun des mortels. J/ai dû me tromper encore une fois.
C/est seulement alors que les explications arrivent. Sur le site Internet d/inventaire-inventions, qui presente, en ligne et gratuitement de courts textes d/auteurs afin de les faire decouvrir, il y a un texte d/une certaine Louise L. Lambrichs, intitule Le cas Handke .
Choquee comme beaucoup de voir, en 1996, l/ecrivain s/engager publiquement dans la defense de Milosevic et le soutien des Serbes, elle s/interroge: =Pourquoi Handke prend-il une telle position ?= Mais plutot que d/y voir, comme la plupart de ses contemporains, un homme qui avait toujours refuse de s/engager et qui, le jour où il se decide a le faire, disjoncte, elle decide de dissequer son œuvre afin de trouver les preuves irrefutables =qu/au fondement de son œuvre comme de son engagement, c/est la meme logique qui fonctionne= et que le monde qu/il decrit des ses premiers livres est =un monde a la fois clos et eclate, angoissant, violent, où rien ne fait sens. Un monde desubjective, pourrait-on dire. evidemment, tout le monde n/est pas porteur d/un pareil monde interieur. Il faut bien qu/il y ait des raisons, n/est-ce pas. =
J/ai lu son texte d/un œil distrait c/est vrai. La facon dont il est presente n/aide pas beaucoup non plus etant donne que je n/ai pas encore reussi a determiner si le texte a ete ampute de certains passages ou si certaines phrases ont ete melangees (un peu des deux sans doute). Mais je suis tout de meme obligee d/avouer etre restee sceptique face a son argumentation. Peut-etre ai-je rate quelque chose…
En gros, elle y explique que toutes les reponses se trouvent dans sa biographie.
= D/accord. Tu admets, je suppose, l/idee que nous sommes tous determines par notre histoire, plus ou moins agis par elle, faconnes par nos experiences precoces, et que si Handke, par exemple, avait ete eleve par mes parents, ou dans une famille croate ou sicilienne, il ne se serait pas engage de la meme facon ni sur le meme mode? =
Et puisque le livre ecrit peu apres le suicide de sa mere est ce qui se rapproche le plus d/une autobiographie, c/est principalement la qu/elle y puisera toutes les reponses. Pour elle, la cle se trouve dans Le malheur indifferent .
= Maria Handke, tu penses bien que tout le monde s/en moque. Si elle n/etait pas la mere de Peter, personne n/en aurait jamais entendu parler. Donc, ce qui compte, c/est lui. L/ecrivain. En nous parlant de sa mere, il ne nous parle que de lui. Au-dela du texte, c/est cela que j/ecoute. Ce qu/il dit. La facon dont il en parle. Tu comprends ?=
Heu, oui, je comprends, enfin heu, peut-etre, heu, mais est-ce vraiment si simple?... Qu/a cela ne tienne, j/ai relu le livre.
Lorsque Handke parle du fait que dans sa famille on a vote oui a l/Anshluss (ce qui n/est pas une specificite de sa famille puisque plus de la majorite des autrichiens sont dans ce cas) puis qu/il decrit les foules en liesse qui accueillent Hitler, pour elle, c/est une reecriture de l/histoire et de la propagande ! Franchement, je ne vois pas ce qu/il y a d/etonnant a decrire de telles scenes. Je ne suis pas specialiste de la periode mais est-ce que ca ne s/est pas du tout passe comme ca? Quant a dire qu/il s/agit de propagande… Progande pour quoi et pour qui? Il a ecrit ce livre en 1975!
Il mentionne ensuite que sa mere a fait partie d/une sorte de groupe de jeunesse hitlerienne et que pour la premiere fois de sa vie, elle a eu l/impression de valoir quelque chose.
Pour Limbrichts, s a mere a ete seduite par Hitler, et plus encore, =ce texte donne le sentiment vague que Handke est aussi un peu seduit par Hitler! = (Où quand et comment, elle ne le dit pas, c/est tellement evident… Ah bon? ben j/ai pas eu l/impression, moi!)
Moi en lisant ce passage, j/ai plutot eu le sentiment que le fils, gene du passe de sa mere tentait d/expliquer comment, comme tant d/autres, elle a pu etre seduite. En remettant ce passage dans ce contexte, Handke insiste bien sur le fait que lorsqu/elle a voulu etudier, par exemple, sa famille l/en a empeche et qu/elle avait une estime d/elle-meme tres tres basse.
Mes les arguments plus convaincants les uns que les autres continuent a fuser: = Je te signale au passage que Milosevic est aussi fils d/une mere suicidee.= Si je puis me permettre une petite remarque: So what?
Puis a 22 ans, en pleine guerre, elle tombe amoureuse d/un petit officier allemand appartenant au parti. Il est marie, s/en suis une grossesse. Son seul amour, c/est le geniteur de Handke. Peu avant d/accoucher de Peter Handke, elle epouse Bruno Handke pour donner un pere a son fils. Elle ne l/a jamais aime. 20 ans apres, elle conserve la nostalgie de son grand amour avec son petit employe de caisse d/epargne, rond, chauve et nazillon.
Donc puisque ce geniteur, qu/il a a peine connu etait membre du parti (tres etonnant a l/epoque et pratiquement du jamais vu), alors = Handke, a son insu, paraît etre le jouet de ce mecanisme qui l/amene a prendre, finalement, des positions comparables a celles de son pere, ce pere qui ne lui a pas transmis son nom et dont il tait le nom=.
C/est vrai, s/inquiete t-elle. Pourquoi ne parle t/il jamais de son pere? Heureusement, Freud est la pour nous donner des reponses et la voila qui nous parle de refoulement… Car oui, Peter Handke n/accepte pas avoir une admiration secrete pour son pere et ne se rend meme pas compte qu/inconsciemment, il reproduit le modele politique du pere!
Et si, comme il le decrit dans son livre, c/etait parce que son pere etait un personnage terne, plutot laid, desabuse et qu/il a eu du mal a en faire un hero?
D/ailleurs, elle apporte la preuve formelle de cette obsession (refoulee hein, attention) qu/il a avec la personnalite de son pere. Quand il l/a rencontre, la premiere fois, avec sa mere, il se tenait a l/ecart, pres du juke-box et pendant la conversation, il a appuye sur Devil in Disguise d/Elvis Presley! Et bien figurez-vous que plus tard, Handke a ecrit un essai sur le Juke box! Non?????????? Si!
Si c/est pas de la preuve, ca, alors je ne m/y connais pas. Et voila, la boucle est bouclee.
Voici donc l/impression finale que m/a laisse cet essai: celle d/un obstination suspecte qui fonctionne sur des arguments relevant du niveau de la theorie du complot. Je ne suis pas convaincue une minute et malheureusement, je ne sais toujours pas ce qui a pousse Peter Handke a prendre de telles positions. S/il y a des traces d/une ideologie fascisante dans ses ouvrages, il va falloir demander a quelqu/un de plus habile ou alors de moins acharne de s/occuper de les deceler.
Cela dit, c/etait une belle occasion de relire Le malheur indifferent . C/est un beau livre, douloureux. J/en ai trouve deux, trois autres de lui dans ma bibliotheque, je vais peut etre les lire puisque je suis sur ma lancee.
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Mladen Materic, Peter Handke :la Cuisine a quatre mains Les deux createurs partagent le gout des choses quotidiennes, et ont choisi comme sujet la piece de la maison paraissant la plus ordinaire. Pourtant, tous les evenements de la vie sy deroulent, joyeux ou dramatiquesIl va se produire a Toulouse, un evenement culturel dimportance qui risque de passer inaperu aux yeux de nombre de Toulousains. Importante, la creation du spectacle La Cuisine lest par la personnalite de ses auteurs. Mladen Materic, originaire de Sarajevo oA il appartenait a la meme mouvance culturelle quEmir Kusturica, est installe a Toulouse, au Theatre Garonne, depuis la guerre en ex-Yougoslavie. Il est le seul homme de theatre de Midi-Pyrenees dont les spectacles sont regulierement invites aux quatre coins de lEurope. Jusque la, il en concevait seul lecriture. Pour la premiere fois, il collabore avec un ecrivain, en fait un auteur majeur de la litterature contemporaine allemande. Peter Handke a ecrit quelques pieces de theatre, de nombreux romans et realise un film, La Femme Gauchere, dapres lun dentre eux. Depuis longtemps les deux hommes evoquaient lidee dune collaboration. Pour le Bosniaque, il sagit dune etape importante puisque, avant celui-ci, ses spectacles se racontaient dans le silence, au-dela de lunivers des mots, par les corps des comediens, les couleurs, une perception decomposee du temps, de tres simples elements de decor. Dans La Cuisine, les personnages parlent, meme si lAllemand na pas elabore un texte theatral stricto sensu mais, de la meme faISon que le metteur en scene ne raconte jamais un recit lineaire, des fragments decriture, chansons, litanies, poemes, dialogues, recits. Mlateric explique leur gout commun pour les choses quotidiennes : Les themes de mes spectacles comme ceux de ses livres sinscrivent dans les gestes simples de la vie, pas dans les evenements historiques ou sociaux. Les deux createurs le prouvent avec leur choix de prendre comme sujet la piece de la maison la plus ordinaire et banale. Ordinaire et banale, pas si sur. Cest Mladen Materic qui a convie Peter Handke dans sa Cuisine, un theme quil a lui-meme imagine, ce qui ne surprendra pas les spectateurs de ses precedents spectacles oles decors, tres usuels, voire stereotypes, sont references a de tres ordinaires pieces dhabitation : la monotonie des jours y est tres vite troublee par lirruption de reves ou de visions cauchemardesques. Materic trouve la matiere a developper le paradoxe : Nous entretenons une vision contradictoire avec la cuisine. Les actes quon y accomplit sont fondamentaux. On peut aller au theatre ou non, lire ou non, ecouter de la musique ou non, mais il est impossible de vivre sans manger ou boire. Dans le meme temps, cest un espace dont on ne cesse de vouloir saffranchir. On desire se liberer de tas de choses quon y fait, la vaisselle par exemple. Les progres technologiques, la sophistication croissante des appareils menagers et de la domotique nous eloignent de cette realite, comme les images electroniques nous eloignent de celles de la vie. Cest cette contradiction, cet entre-deux qui minteresse. Handke a eu plutt tendance a mettre la lumiere sur cette liberation ou cette fuite. Moi, je lai ramenee dans ma cuisine. Dans sa cuisine et sa mythologie : les decors anodins de son monde sont traverses des evenements de la vie, fetes, enterrements, ou font echo aux tragedies humaines. La guerre nest jamais loin. Cest forcement vrai pour cet ultime lieu de sociabilite : Dans la cuisine se vivent les moments importants de notre vie, joyeux ou dramatiques. Elle est le centre des decisions majeures, les parents et les enfants sy engueulent, les couples sy font et defont. Les situations sont abordees de maniere fragmentee, a travers differentes epoques, differentes familles, differents personnages. Un oeuf qui tombe du frigo, un robinet qui ne ferme pas, une ampoule qui grille, autant de situations extremement banales qui peuvent rapprocher les gens, y compris a travers des epoques tres differentes. On sap oit que, derriere les progres et les evolutions culturelles, il y a un fond commun, une maniere de rituel qui rapprochent les hommes plus surement que les idees de nation, de religion ou les pensees ideologiques les plus ambitieuses. Cest une notion que nous avons profondement en commun, Handke et moi. Comme dans ses precedents spectacles, la dimension plastique des decors prend une place essentielle. Mladen Materic est un peintre et plasticien reconnu. Il a dailleurs conu la prefiguration de cette Cuisine en excellente compagnie, invite lannee derniere a Milan a une exposition collective o chaque plasticien devait realiser la piece dune maison. Les autres artistes avaient nom Peter Greenaway, Yoko Ono, Bob Wilson, Pistoletto, Emir Kusturica... Lexposition fut prolongee dun mois en raison de son succes. Elle devrait se refaire en Espagne a loccasion de la Biennale de Valence. Christian Bonrepaux Du 17 au 28 avril, mardi, vendredi et samedi a 21 h, mercredi et jeudi a 19 h 30.Relache dimanche et lundi. Theatre Garonne, 1, avenue du Chateau-dEau. 05 62 48 56 56. |
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