FRENCH COVERS & REVIEWS

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http://www.jeuneafrique.com/gabarits/articleJAI_online.asp?art_cle=LIN14085chauvsialgn0
Chauvinisme anglais
- 14 aout 2005- par MARIE-CHRISTINE IMBAULT

L'edition britannique fait-elle tout pour ecarter les lecteurs du meilleur de la production internationale ? C'est ce que suggerait carrement le president de jury du premier Man Booker International Prize, John Carey, lors de la remise du prix a Ismail Kadare, le 27 juin dernier. = Lorsque nous avons voulu etablir notre selection de 120 auteurs, a-t-il explique pendant son discours, nous avons du les eliminer les uns apres les autres, non pas a cause de la mauvaise qualite du texte, mais parce que les livres n'etaient pas disponibles en anglais. =
Peter Handke, Michel Tournier, Christoph Ransmayr, Antonio Lobo Antunes, Rachid Boudjedra, Fernando Vallejo n'ont ainsi eu aucune chance, leurs oeuvres n'etant plus ou pas disponibles outre-Manche. = Si vous etes espagnol, francais, italien ou allemand, vous trouvez les traductions de tous les livres importants du monde dans votre librairie de quartier. Ce qui a ete ecrit en Chine, des histoires coreennes ou encore le nouveau roman espagnol ou scandinave. Si vous vivez en Angleterre, vous n'aurez pas une telle abondance =, a-t-il deplore, apres avoir parcouru pendant plusieurs mois les rayons des libraires.
Si les editeurs britanniques n'etaient pas aussi meprisants vis-a-vis des oeuvres etrangeres dans les annees 1980 et 1990, ils ont depuis abandonne leurs droits de traduction sur la plupart d'entre elles, un danger que l'ancien professeur d'anglais a Oxford met en avant : = S'ils avaient fait preuve du meme laxisme il y a cinquante ou soixante ans, les Anglais ne conna   traient ni Kafka, ni Camus, ni Calvino, ni Borges. =
En reponse a ce signal d'alerte, le quotidien britannique The Guardian a demande a une dizaine de critiques de designer les auteurs etrangers susceptibles d'etre traduits. Pour la France, le critique John Mullan a designe Marie Darrieussecq .

 

Femme Gauchere (Die linkshaendige Frau) de Wim Wenders - Peter Handke
En allemand avec sous-titres francais , 1977, 119 min., en couleurs,
avec : Bruno Ganz, Edith Clever, Gerard Depardieu.

Base sur le roman du meme titre de Peter Handke (1976), La Femme gauchere raconte l=histoire de Marianne, qui soudain et sans raison apparente demande le divorce de son mari pour mener sa propre vie. Influence par Wim Wenders, ce film a seme la controverse lors de sa sortie en Allemagne, et ce particulierement en raison de la froideur et l=anonymite qui s=en degagent. Ce que je m=efforce vraiment d=obtenir c=est la monotonie dans sa forme la plus intense. (Handke) Un film audacieux et magnifique soutenu par la grande assurance de l=art. (Roger Angell, The New Yorker) une chose rare, un vrai film poetique (H. Hobermann, Village Voice, 7 avril 1980) (plus)



Dans une banlieue de Paris, une femme d=une trentaine d=annees a mene une vie conjugale tout a fait normale; son mari travaille dans la succursale d=une grande societe europeenne et se deplace beaucoup. La vie de Marianne et Bruno n=est pas malheureuse, et du moins aucune crise exterieure ne vient peser sur la relation du couple. Un beau matin, apres une nuit commune passee a l=hotel, Bruno etant juste rentre d=un voyage d=affaires, Marianne le surprend par une decision qu=elle semble avoir prise spontanement. Elle le prie de partir et de la laisser seule avec leur fils de huit ans. Dans un premier temps, le mari donne suite a sa demande sans s=y opposer, quelques tentatives ulterieures de retour, effectuees sans grande conviction, restent infructueuses. C=est ainsi que commence la solitude de la femme, de l=enfant et de l=homme. Marianne a laisse derriere elle sa vie de tous les jours et sa securite; prudemment, mais fermement decidee, elle commence sa propre vie. Elle informe un editeur avoir enfin le temps d=accepter sa proposition de traduire des livres du francais; son premier travail est la traduction de =Un cafeur simple= de Flaubert. Une fois, Marianne vient voir Bruno dans son bureau, une autre fois, c=est Bruno qui surgit la nuit dans son appartement pour l=insulter. Le pere de Marianne, un ancien ecrivain, vient lui rendre visite et lui predit: =Tu finiras comme moi!=

Le roman =La Femme gauchere= de Peter Handke, paru en 1976, etait selon l=auteur le compte-rendu d=un projet de film qu=il avait prevu mais pas encore realise. =L=histoire=, dit Handke, =commenca par une image en hiver, voici cinq ans environ. A l=epoque, j=habitais depuis un certain temps dans une nouvelle cite du Taunus, au nord de Francfort. C=etait pendant le crepuscule, et je me trouvais au pied de la cite; les maisons, en general des constructions ressemblant a des bo tes en forme de L, etaient superposees en terrasses, tout de suite derriere commencait une foret mixte, recouvrant jusqu=au sommet une montagne d=environ mille metres de haut. Quelques lumieres etaient deja allumees dans les botes, et ca et la, on pouvait voir une femme; les hommes ne rentreraient que tard du travail. Le ciel n=etait pas encore completement sombre, mais couvert de gros nuages clairs; dessous s=etendait la foret grise et brune; encore plus bas, les maisons comme des botes avec ces quelques femmes isolees: cette diversite formait un tout, et je savais a cet instant que je devais raconter une histoire dont j=avais deja le cadre sous les yeux; et le decor etait tel que l=histoire elle aussi prit la forme d=un tableau.= D=autres images semblables vinrent s=ajouter, des details qui pour l=auteur s=assemblerent finalement pour former une histoire resultant =de facon tout aussi surprenante que naturelle de la stricte banalite quotidienne.=

Quand DIE LINKSHAENDIGE FRAU sortit dans les cinemas allemands, le film ne fit pas l=unanimite. L=influence de Wim Wenders (producteur du film) sur la realisation de Handke etait indiscutable - alors qu=auparavant, il avait souvent ete question de l=influence de l=ecrivain sur Wenders le realisateur. Les opinions divergeaient en ce qui concernait la mise en scene. Certains critiques reprochaient aux images de Handke une sterilite, voire meme un art decoratif, d=autres trouvaient justement remaquable la facon dont Handke faisait passer l=impression de sterilite, de froideur et de detresse dans ses scenes. Il est certain que la lointaine froideur de l=auteur face a ses personnages qui perce dans ses textes se retrouve aussi dans le film: les emotions ne font pas l=objet de discussions, ne sont pas formulees, et a peine refletees par les gestes et les jeux de physionomie. Les emotions qui poussent les personnages a agir se traduisent plutot par leurs actes, et a un degre non moindre par le temps qui s=ecoule tres calmement, presque uniformement. =A vrai dire, ce que je recherche=, expliquait Handke, =c=est la monotonie la plus intense possible.=. Pas dans le sens d=ennui, mais au service d=une concentration ascetique sur les evenements elementaires.

C=est ainsi que Handke ne s=interesse pas non plus aux grandes motivations psychologiques. Il constate la decision de la femme, mais ses explications doivent d=abord natre dans la tete du spectateur. Ce n=est qu=apres, par exemple lors de nouvelles rencontres du couple separe, que nous trouvons quelques indices. Bruno dit a Marianne: =Je n=ai encore jamais rencontre une femme qui ait change sa vie de facon durable.=. Ainsi, l=homme definit involontairement sa propre position qu=il concoit comme une superiorite. Mais les veritables explications sont renfermees dans les images qui parfois semblent ajoutees les unes aux autres sans aucun rapport, tout en restant mysterieusement reliees entre elles. Une nuit, un corps passe sans bruit devant la fenetre de Marianne avant de s=ecraser sur le sol. =Le fait que la terre, les gens et les choses semblent chez Handke reduits a leur plus simple charpente, denues de la proximite et de la signification familieres, froids et etrangers, ne signifie pas que le regard auquel ils sont exposes soit froid. Mais il est penetrant, chercheur, absolu.= (Peter Hamm)
Hans Guenther Pflaum

 

 

 

 

 

 

Peter handke le refractaire

L'Autrichien en exil a fait de la banlieue parisienne le centre de son monde interieur

Ou se trouve le centre du monde ? Salvador Dali l'avait identifie. C'est la gare de Perpignan. Peter handke est trop voyageur pour aspirer a nommer le pole de ses errances. Mais il ne s'interdit pas de faire d'une baie des Hauts-de-Seine, quelque part entre Meudon, Velizy, Villacoublay et Versailles, le centre de son monde interieur. Pour la premiere fois il nous offre un gros livre, une chronique obstinee et copieuse d'un ecrivain qui ne sait vivre qu'a l'ecart, dans des arriere-pays que lui seul a appris a desirer. Devenir anonyme dans une banlieue sans nom, dans la baie de Personneest son utopie intime. Son travail a plein temps. Sa devise. Sa devise est simple : Vivre en fragments et rever en totalite. Il s'est impose comme discipline de tout dire de son inaptitude au present et de se mettre sans cesse en quete d'un recit impossible. Ce livre resonne comme une longue priere narrative Le grand recit tant espere n'est peuple que de heros inacheves et de fictions incompletes. C'est ce qui en fait tout le prix. Autrichien refractaire, temoin a charge de sa propre oisivete, greffier de ses metamorphoses, contempteur ombrageux de son epoque, Peter handke est aussi un extraordinaire poete de sa solitude. Recale a l'examen de la paternite et de la conjugalite, pour lui l'expression vivre ensemble n'est qu'une source de tourments. Il n'est pas misanthrope, loin de la, il est simplement inapte aux autres, ce qui ne l'empeche pas de convoquer dans son recit sept amis une amie yougoslave, un cure autrichien, un architecte, un peintre, un lecteur, un chanteur et un fils , et de les entraner a leur insu dans des grands voyages dont il est l'accompagnateur invisible. Il leur donne procuration pour nomadiser a sa place. Il les observe de sa baie solitaire, de sa tour de controle interieure. A eux le monde, a lui le Nouveau Monde, celui des explorations immobiles. Peter handke est un marcheur en perpetuel surplace. Ses inactivites preferees sont marcher, ecrire, habiter une maison, aussi. Se livrant a l'exercice quotidien du regard, il dresse ensuite l'infini proces-verbal de ses observations. Regarder est sa grande affaire. Absorber et etre absorbe par mille details dans une ruelle d'un faubourg ou une champignonniere peripherique, voila son etrange metier. Peter handke ecrit des pages fascinantes sur l'attrait qu'exercent sur lui les banlieues parisiennes, dont il est un explorateur acharne. Marcher a Cachan, parcourir Malakoff, rever a Vanves, decouvrir un cerisier a Arcueil, se perdre a Gentilly et habiter Clamart ont ete, avant la decouverte de sa baie, ses aventures quotidiennes : Ces banlieues, aussi malades qu'elles fussent peut-etre elles-memes, devinrent quelque chose comme mon medecin. J'avais besoin d'elles, un besoin urgent, absolu. Ce furent dans ces territoires personnels de recherche qu'il put, par la grace des rares miracles de l'instant, se delivrer de la certitude que le monde etait inapprochable. Plus tard, dans sa baie merveilleuse, qu'il croit avoir ete inventee pour son seul usage, cet homme des villes et des bois s'adonne a la contemplation hypnotique du = soleil des mots =. Il ecrit comme il marche. En revant. = Mon annee dans la baie de Personne est l'envotant ressassement poetique d'un ecrivain toujours en guerre avec son epoque. Il y fait dans la douleur la paix avec lui-meme. Drole de guerre. Drole de paix. GILLES ANQUETIL Mon annee dans la baie de Personne, par Peter handke, traduit de l'allemand par Claude-Eusebe Porcell, Gallimard, 490 pages, 160 F.

GILLES ANQUETIL

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Ruud Gielens met en scene Le moment où nous ne savions rien les uns des autres de Peter Handke

Ce que tu as vu, ne le trahis pas; reste dans l'image (epigraphe tiree de l'Oracle de Dodone). Avec cet exergue a sa piece, l'auteur autrichien releve la polysemie de l'action, de la representation, focalisant son attention et celle du public sur la description et la designation plus que sur l'interpretation de ce qui est vu. Les marges sont etroites. Et c'est sur ce fil qu'evoluera le spectacle sans parole monte au Kaaitheater par Ruud Gielens.

Die Stunde da wir nichts voneinander wussten (1992) concentre des centaines de didascalies: Peter Handke fait ainsi entrer en scene plus de 300 personnages, qui y sejournent un moment, agissent parfois, puis disparaissent, sans un mot. Des passants previsibles (femme poussant un chariot, groupe de touristes, couple age, businessman...) ou inattendus, issus de l'histoire, de la mythologie, de la fiction (Abraham, le Chat botte, Papageno, Charlot, Peer Gynt, le chasseur de Blanche Neige...).

Si le temps et le mouvement -l'instant- sont evidemment centraux dans cette entreprise, l'espace vaut aussi pour ce qu'il est: la scene, une place, une ville. Bruxelles en l'occurrence.

Quant a la methode: C'est un texte sur lequel on ne parvient pas a avoir prise, et c'est precisement sa force, dit le metteur en scene. Tout ce que nous pouvons faire consiste a rester au plus pres de nous-memes. Liberte, toute!

La Libre Belgique 2006

 
 
 
 


La Cuisine

de Peter Handke et Mladen Materic
Creation

Un spectacle de Mladen Materic et du Theatre TattooCollaboration artistique, Vesna BajceticScenographie, Mladen MatericLumiere, Bruno GoubertCostumes, Odile DuvergerMusique, Haris Resic

Avec :Damien Bernard, Paul Chiributa, Thierry Dussout, Loreen Farnier, Emmanuelle Hiron, Cathy Pollini, Haris Resic, Sodateth San,Tihomir Vujicic, Josiane Wilson et les enfants Hugo Lehmann et Arthur Mialet

Coproduction Theatre Tattoo, Theatre Garonne/Toulouse, La Rose des Vents/Villeneuve dAscq, Wiener Festwochen/Vienne, Le Maillon/Theatre de Strasbourg, Theatre de lUnion/Centre dramatique National du Limousin, Le Parvis/Scene Nationale de Tarbes,Theatre de la Bastille, Festival dAutomne a Paris

Avec La Cuisine, Mladen Materic, revient a ses lieux de predilection : clos et confines. On peut se passer de lire, on peut se passer decouter de la musique, mais on ne peut pas se passer de tout ce quon fait dans une cuisine, cest un passage oblige. Cest un lieu de passages, pas seulement sociaux ou familiaux, meme si lon y croise la famille et les amis, mais dechange avec le cosmos, au sens ou la vie et la mort sy succedent et sy substituent : tuer des animaux ou des plantes a seule fin dentretenir notre propre vie, cest finalement echanger la vie contre la mort, et la cuisine est le lieu de cet echange. Une approche de la parole aussi, dite et lue, pour celui qui aime cependant a dire que le plus important se joue au-dela des mots, ou en dea .Depuis sa creation a Sarajevo au debut des annees 80, le Theatre Tattoo oeuvre a lelaboration dun nouveau langage theatral et impose laction comme element fondamental de ses recherches.

Mladen Materic, Peter Handke : la Cuisine a quatre mains Les deux createurs partagent le gout des choses quotidiennes, et ont choisi comme sujet la piece de la maison paraissant la plus ordinaire. Pourtant, tous les evenements de la vie sy deroulent, joyeux ou dramatiques Il va se produire a Toulouse, un evenement culturel dimportance qui risque de passer inaperu aux yeux de nombre de Toulousains. Importante, la creation du spectacle La Cuisine lest par la personnalite de ses auteurs. Mladen Materic, originaire de Sarajevo o il appartenait a la meme mouvance culturelle quEmir Kusturica, est installe a Toulouse, au Theatre Garonne, depuis la guerre en ex-Yougoslavie. Il est le seul homme de theatre de Midi-Pyrenees dont les spectacles sont regulierement invites aux quatre coins de lEurope. Jusque la, il en concevait seul lecriture. Pour la premiere fois, il collabore avec un ecrivain, en fait un auteur majeur de la litterature contemporaine allemande. Peter Handke a ecrit quelques pieces de theatre, de nombreux romans et realise un film, La Femme Gauchere, dapres lun dentre eux. Depuis longtemps les deux hommes evoquaient lidee dune collaboration. Pour le Bosniaque, il sagit dune etape importante puisque, avant celui-ci, ses spectacles se racontaient dans le silence, au-dela de lunivers des mots, par les corps des comediens, les couleurs, une perception decomposee du temps, de tres simples elements de decor. Dans La Cuisine, les personnages parlent, meme si lAllemand na pas elabore un texte theatral stricto sensu mais, de la meme faon que le metteur en scene ne raconte jamais un recit lineaire, des fragments decriture, chansons, litanies, poemes, dialogues, recits. Mlateric explique leur gout commun pour les choses quotidiennes : Les themes de mes spectacles comme ceux de ses livres sinscrivent dans les gestes simples de la vie, pas dans les evenements historiques ou sociaux. Les deux createurs le prouvent avec leur choix de prendre comme sujet la piece de la maison la plus ordinaire et banale. Ordinaire et banale, pas si sur. Cest Mladen Materic qui a convie Peter Handke dans sa Cuisine, un theme quil a lui-meme imagine, ce qui ne surprendra pas les spectateurs de ses precedents spectacles o les decors, tres usuels, voire stereotypes, sont references a de tres ordinaires pieces dhabitation : la monotonie des jours y est tres vite troublee par lirruption de reves ou de visions cauchemardesques. Materic trouve la matiere a developper le paradoxe : Nous entretenons une vision contradictoire avec la cuisine. Les actes quon y accomplit sont fondamentaux. On peut aller au theatre ou non, lire ou non, ecouter de la musique ou non, mais il est impossible de vivre sans manger ou boire. Dans le meme temps, cest un espace dont on ne cesse de vouloir saffranchir. On desire se liberer de tas de choses quon y fait, la vaisselle par exemple. Les progres technologiques, la sophistication croissante des appareils menagers et de la domotique nous eloignent de cette realite, comme les images electroniques nous eloignent de celles de la vie. Cest cette contradiction, cet entre-deux qui minteresse. Handke a eu plutot tendance a mettre la lumiere sur cette liberation ou cette fuite. Moi, je lai ramenee dans ma cuisine. Dans sa cuisine et sa mythologie : les decors anodins de son monde sont traverses des evenements de la vie, fetes, enterrements, ou font echo aux tragedies humaines. La guerre nest jamais loin. Cest forcement vrai pour cet ultime lieu de sociabilit. Dans la cuisine se vivent les moments importants de notre vie, joyeux ou dramatiques. Elle est le centre des decisions majeures, les parents et les enfants sy engueulent, les couples sy font et defont. Les situations sont abordees de maniere fragmentee, a travers differentes epoques, differentes familles, differents personnages. Un oeuf qui tombe du frigo, un robinet qui ne ferme pas, une ampoule qui grille, autant de situations extremement banales qui peuvent rapprocher les gens, y compris a travers des epoques tres differentes. On saperoit que, derriere les progres et les evolutions culturelles, il y a un fond commun, une maniere de rituel qui rapprochent les hommes plus surement que les idees de nation, de religion ou les pensees ideologiques les plus ambitieuses. Cest une notion que nous avons profondement en commun, Handke et moi. Comme dans ses precedents spectacles, la dimension plastique des decors prend une place essentielle. Mladen Materic est un peintre et plasticien reconnu. Il a dailleurs connu la prefiguration de cette Cuisine en excellente compagnie, invite lannee derniere a Milan a une exposition collective o chaque plasticien devait realiser la piece dune maison. Les autres artistes avaient nom Peter Greenaway, Yoko Ono, Bob Wilson, Pistoletto, Emir Kusturica... Lexposition fut prolongee dun mois en raison de son succes. Elle devrait se refaire en Espagne a loccasion de la Biennale de Valence. Christian Bonrepaux Du 17 au 28 avril, mardi, vendredi et samedi a 21 h, mercredi et jeudi a 19 h 30. Relache dimanche et lundi. Theatre Garonne, 1, avenue du Chateau-dEau. 05 62 48 56 56. -

 

 


Nous ne verrons jamais Vukovar

Louise L. LAMBRICHS

Peter Handke ? Bien sa=r, pourquoi ?

Autour du grand tribunal

? Oui, mais je connaissais dacrja le texte. Il acrtait paru
sous un autre titre en octobre 00, dans la

Saeddeutsche Zeitung. Un titre
beaucoup plus

a= Qui me dacrlivrera de mon pracrjugacr ? a=

anigmatique, oui, mais plus juste surtout. Tout Handke se trouve racrsumacr dans

cette question.

Tu sais tout de mme de quelle faaeCon il s.est engagacr

Pas seulement ! Il s.est rendu a Belgrade au Salon du Livre, il a cautionnacr

implicitement le racrgime de Milo.evi

, dont il a acrcrit en 96 qu.il acrtait un a= flacrau
moins connu a= que Tu

'man, il
La guerre durait depuis cinq ans, tout de mme. Un an apra es le massacre de

Srebrenica, il demandait encore justice pour la Serbie en se taisant sur les

massacres dont ont acrtacr victimes les Croates et les Musulmans, et au lieu

d.acrclairer le dacrbat il n.a cessacr de brouiller les cartes. Tu noteras d.ailleurs que

dans ce texte,

Autour du grand tribunal, il cite les phrases de Milo.evi sans
commentaire, comme si on pouvait les prendre pour argent comptant. Rien que

cette phrase : a= Le mythe d.une Grande Serbie n.a jamais existacr a=, comment

veux-tu que

Eh bien justement. Qu.en pensera un lecteur profane ? Il se dira : puisque

Handke, qui connaa t bien le pays, ne dit rien de plus, c.est peut - tre que

Milo.evi

a raison. Et ce ne sont pas les indications de lecture qu.il donne a la
fin qui le dacrtromperont ! Or quand on sait

cr aditions Philippe Rey

Tu n.as qu.a lire

Le Nettoyage ethnique, l.anthologie de documents historiques
publiacre par Grmek, Gjidara et Simac. Tu verras non seulement que le mythe de

la Grande Serbie remonte au moins au dacrbut du

XIXe siaecle, mais que c.est
exactement la politique praenacre dans ces textes qu.a appliquacre a la lettre

Milo.evi

.
acoute, chaque fois
qu.il a pris position, c.acrtait du caetacr serbe. Mme en pleine

guerre, il a toujours pris la dacrfense exclusive du peuple serbe. Et dans ce texteci,

tu remarqueras qu.il n.a pas bougacr d.un

Non, pas du tout d.accord. La littacrrature n.exonaere de rien. D.ailleurs, tu ne

peux rien comprendre a ce texte si tu ne

Comment cela, passionnel ?

avidemment, si tu lis l.histoire de cette faaeon !

acoute, tu sais que pour des tas de raisons, j.ai moi-mme acrtacr traes engagacre, daes

990, dans cette guerre. Concernacre de traes prae s, disons. J.avais des liens a la fois

du caetacr serbe et du caetacr croate, et certains de ces liens ont mme acrtacr rompus, ce

qui reste

Oui, a cause de la guerre. Je te raconterai un jour. Toujours est-il que daes le

dacrpart, j.ai suivi cette guerre de traes praes et lu pratiquement tout ce qui se

publiait sur le

Mais non je ne dacrvie pas ! Comment veux-tu comprendre pourquoi il prend ces

positions si tu ne l.inscris pas dans le contexte de

Pourquoi, oui, pourquoi. C.est ma question. Tu es d.accord qu.un acrcrivain est un

tre humain comme toi et moi. Donc, a partir du moment oa il sort du champ

purement littacrraire pour s.aventurer sur le terrain politique, la question, c.est de

savoir quelle est sa responsabilitacr d.acrcrivain citoyen et pourquoi il s.engage de

cette faaeon. Tu ne peux pas dissocier.

D.abord a mon avis Handke n.a pas le gacrnie de Cacrline, le gacrnie langagier je

veux dire, et deuxiaemement, les acrcrivains peuvent avoir du talent et tre dans la

vie des gens, disons, peu recommandables et mme parfaitement

Pas du tout. Je ne l.ai jamais vu de ma

cr aditions Philippe Rey

C.est vrai, cette affaire me tient traes a c.ur. Mais tu as raison, c.est une question

difficile, traes dacrlicate mme. ae la fois traes simple et traes compl

Tout dacrpend du point de vue auquel on se place. Si tu m.avais posacr la question il

y a quinze ans, je t.aurais ri au nez. Je t.aurais dit. a peu de chose praes ce que

dit Handke, d.ailleurs, dans

J'habite une tour d'ivoire, lorsqu.il critique Sartre.
Je t.aurais dit que la littacrrature n.a pas pour vocation de changer le monde . ce

qui aurait d.ailleurs acrtacr un contresens par rapport a la position sartrienne,

beaucoup plus

Oui, bien sa=r, le contexte de l.acrpoque acrtait diffacrrent... Mais pourquoi Handke at-

il tenu a prendre a ce point ses distances avec Brecht ? C.est intacrressant

d.ailleurs car si tu penses a

Arturo Ui, par exemple.
Aujourd.hui ? Je considaere que l.acrcrivain est a mille pour cent engagacr dans sa

parole et dans ses acrcrits. Tous ses mots l.engagent pleinement, mme s.il ne sait

pas traes bien ce qu.il cherche ni de quoi il parle. Cela dit, rien ne le force a se

risquer sur la scaene politique. Il peut aussi rester dans sa tour d.ivoire. Mais s.il

en sort, alors il n.a pas le droit de jouer les artistes naaefs et de dire n.importe qu

D.accord. Mais lui est cacrlaebre, et c.est sur sa notoriacrtacr qu.il s.appuie pour faire

valoir son point de vue. La responsabilitacr n.est-elle pas a la mesure de la

cacrlacrbritacr ? Ce qui est certain en tout cas, c.est que prendre le risque de plaider

une cause politique, quand on est acrcrivain, impose un immense travail extralitt

acrraire. Il s.agit de vie et de mort, tout de mme, et de justice. D.aider a faire

triompher, disons, le parti le moins injuste, non ? Et tu sais bien que

En effet, mais il prend publiquement parti, et position. Tu as lu son

Voyage
hivernal vers le Danube, la Save, la Morava et la Drina

?
Nous avons publiacr

Le Nettoyage ethnique chez Fayard en 993. Le livre de Paul
Garde,

Vie et mort de la Yougoslavie, est sorti chez Fayard la mme annacre.
Handke habite la France, a Chaville, tout praes de Paris. Il publie son

Voyage
hivernalae

en 996. Et ce livre-ci, Autour du grand tribunal , chez Fayard note
bien, le mme acrditeur, en 003. Il faut vraiment
qu.il y mette du sien pour ne

pas savoir.

C.est tout de mme de cette guerre que parle Handke, et du procaes de

Milo.evi

! Tu ne peux pas appracrcier sa position si tu ne sais pas un peu plus
pracrcisacrment de quoi il parle. Mais toi dis-moi, qu.en penses-tu de ce texte ?

cr aditions Philippe Rey

Non, absolument pas. Dacrcousu en apparence, oui, mais en fait, si tu relis son

.uvre, tu comprends que ce texte entre en parfaite cohacrrence avec la question

qui le travaille depuis toujours.

Bien sa=r c.est ma lecture. Tu sais que pendant la Deuxiaeme Guerre mondiale, la

Serbie a acrtacr le premier pays d.Europe

judenfrei ?
Judenfrei

. a= Libacrracre des Juifs. a= Daes aoa=t 94, en Serbie, la question juive, si
j.ose dire, acrtait racrglacre.

Non, pas seulement. L.administration serbe s.est montracre d.une efficacitacr

redoutable, plus encore que l.administration de Vichy. Dans les camps serbes de

Bajnica ou de Sajmi.te, ces camps qui ont acrtacr rasacrs et dont personne ne parle,

les listes des prisonniers acrtaient tenues en cyrillique. Tu crois qu.ils

connaissaient le cyrillique, les Allemands ? Attends une seconde, je te cite mes

sources. C.est Harald Turner, haut commissaire allemand, qui l.affirme, et il

en attribue le macrrite, justement, au zaele de l.administration serbe. Tu trouveras

les racrfacrrences exactes dans un livre de Christopher Browning publiacr a New York

en 985 et qui s.intitule

Fateful months : essays on the emergence of the final

 

 


 LE MONDE | 12.11.01 | 10h33

+La Cuisine+ : Materic et Handke entrent dans nos cuisines

Le metteur en scEne et l'scrivain portent a la hauteur du mythe le quotidien de la maison.

LA CUISINE, DE MLADEN MATERIC ET PETER HANDKE, par la compagnie Thsatre Tattoo. Avec Damien Bernard, Paul Chiributa, Thierry Dussout, Loreen Farnier, Emmanuelle Hiron, Cathy Pollini, Haris Resic, Sodadeth San, Tihomir Vujicic, Josiane Wilson. FESTIVAL D'AUTOMNE, THSATRE DE LA BASTILLE, 76 , rue de la Roquette, Paris-11e. Mstro Bastille ou Voltaire. Tsl. : 01-43-57-42- 14. Du mardi au samedi, a 21 heures ; dimanche a 17 heures. 12,50 euros (82 F) et 19,06 euros (125 F). Durse : 1 h 30. Jusqu'au 24 novembre.


Et soudain, comme par miracle, le ciel s'slargit au-dessus de nos tetes. Comme par miracle, oui, alors que nous sommes assis au Thsatre de la Bastille, face a La Cuisine de Mladen Materic et Peter Handke, le quotidien en sa banale exposition devient grand comme le monde imagins quand nous stions enfants et que nous jouions sous la table, aux pieds des adultes. Si le thsatre est ce qui est donns a voir, alors le spectacle de La Cuisine est une offrande, mais une offrande joyeuse, ironique, guerrire et lsgre. Il dure une heure et demie et, pendant ce temps, tous les ages de la vie habitent le plateau, a l'image - ultime - de la grand-mre penchse sur son petit- fils assis a table, dans le calme d'un jour comme un autre. Ils sont donc la, et, venue d'on ne sait quel reve, une grappe de tomates descend du plafond. Une grosse grappe, bien irrselle et rouge. Un don du ciel ?

Mais non, La Cuisine de Mladen Materic et Peter Handke n'est pas un spectacle idyllique. Il s'est tisss autour de la rencontre de deux hommes dont l'un, le metteur en scne Mladen Materic, a le don de l'ellipse, et l'autre, l'scrivain Peter Handke, sait donner vie aux petites choses qui traversent l'arc du temps. Lui seul peut nous rappeler que le bruit du couteau sur le concombre est le meme que celui de la luge sur la premire neige.


AU FIL DES COMPTINES

Il sait aussi introduire la guerre dans le quotidien, l'absence dans l'amour, l'sternits dans l'instant du regard. Il le fait dans La Cuisine, au grs de comptines qui parcourent le spectacle comme un fil d'Ariane. Certaines de ces comptines apparaissent sur le haut du mur de la cuisine, d'autres sont dites par les comsdiens et les danseurs. Car on danse, ici, dans un meme mouvement qui unit les mains de la mEre prsparant le cafs du matin, la taille de l'adolescente s'adonnant au cerceau, les fesses de la jeune femme projetses au visage de son mari qui ne la regarde pas.


Tout, dans La Cuisine de Mladen Materic et Peter Handke, est question d'espace entre ce qui unit et ce qui separe, ce qui est raconts et ce qui est revels. Nous sommes au  CAFE  Sur de la vie de la maison, la o chacun croise, retrouve ou fuit l'autre. La o l'enfant part pour l'scole et le fils pour la guerre, o la mEre range le porte-monnaie des courses ou cache la lettre que le mari ne doit pas voir, o le pEre s'assied souvent en maItre, avec son attache-case ou son arme en bandouliAre sous la veste. La cuisine, c'est aussi le lieu du monde qui entre avec les nouvelles, bonnes ou mauvaises. C'est enfin le lieu du repli des nuits insomniaques, l'attente du matin bleu.



L'epicentre de tous les seismes et de tous les bonheurs, c'est la table. Elle est au milieu de la piEce, il faut la guerre ou une fete pour l'en dsloger. La cuisine, elle, emprunte aux annses 1950 dans quelque rsgion de la Vieille Europe, ou aux souvenirs. Il y a un seau a charbon et un moulin a cafs en bois, une filoche pour les courses et un tiroir o dispar ce qui ne doit pas etre vu, une cuisinire en fonte et un Frigidaire, chacun a un bout. Et il y a une radio, l'oreille du monde, qui peut etre tellement heureuse quand elle fait entendre These Boots Are Made for Walking.


Les personnages de La Cuisine sont, eux, le plus souvent silencieux. Comme le dit Mladen Materic, +les mots avancent masquss+. Ce sont donc les corps qui parlent, avec une justesse de tous les instants, de tous les gestes. On n'a pas l'impression de voir des comsdiens ou des danseurs, mais des personnes. Face a nous, dans la cuisine, elles racontent le temps de la vie, projets en de courtes ssquences subtiles qui s'enchaInent avec la grace d'un combat revisits. On ne saurait trop conseiller d'aller rendre visite a ces personnes-la.

Brigitte Salino




Ecrivain de langue allemande, de reputation internationale



Ne 1942 a Griffen dans une famille de petits paysans autrichiens. Sa mere est d'origine slovene. Il n'a pas de pere connu. Sa mere se marie. C'est son beau-pere (un alcoolique qu'il deteste) qui lui donne un nom et quatre freres et surs. Son enfance est marquee par la guerre.



Il commence a ecrire a l'age de 16 ans. Lorsque la maison d'edition Suhrkamp accepte son premier roman Les Freulons (1965), il interrompt ses etudes de droit qu'il etait sur le point de terminer et menera des lors une existance d'ecrivain independant.



En 1966, instantanement, il devient celebre par le succes de sa piece de theatre Outrage au public et par le scandale qu'il provoque en attaquant les principes esthetiques du Groupe 47, un cercle d'ecrivains et de critiques qui, jusque-la, dominait incontestablement la litterature de langue allemande d'apres- guerre.


Le paradoxe de l'etonnant parcours de Handke au firmament litteraire reside en ceci que cet auteur a la celebrite internationale, qui avait fait en 1966 une entree provocante avec sa piece Outrage au public et le coup d'eclat de son discours agressif au congres du Groupe 47, alors la plus prestigieuse organisation d'ecrivains en Allemagne, ne semble plus aspirer aujourd'hui qu'a effacer sa reputation initiale en se gommant lui-meme de plus en plus dans ses textes, tout en n'ecrivant qu'au plus serre de son experience. Promptement accuse par ses adversaires, de ne chercher que sa propre publicite, Handke, tel un personnage des films de son ami Wim Wenders (dont il a ete plusieurs fois le scenariste, de Faux mouvement aux Ailes du desir), arpente a present les chemins de l'Europe ou se baigne dans ses fleuves, homme sans adresse, solitaire, a la recherche d'une verite essentielle, qui serait l'etre meme du langage dans l'immediatete de la sensation. (extrait d'un article de Michel Contat, Le Monde, 9 decembre 1988)



Il multiplie les ecrits, romans, pieces de theatre, essais et obtient presque tous les grands prix litteraires autrichiens et allemands. Il signe des scenario de films pour le realisateur Wim Wenders, lequel adapte plusieurs des romans d'Handke. Il a vecu a Salzbourg, a Duesseldorf, a Berlin. En 1991, il s'installe a Chaville, pres de Paris.



C'est en des termes polemiques que l'ecrivain autrichien Peter Handke, d'origine slovene par sa mere, exprimait lui aussi son point de vue sur Mitteleuropa : =L'Europe centrale : c'est une notion qui n'a pour moi qu'un sens meteorologique. J'y ai bien pense pendant mes longues promenades dans les Alpes juliennes. Lorsque j'etais dans le sud des Alpes et que je regardais les nuages qui couronnaient les sommets, je songeai a l'Europe centrale comme a un pays sis de l'autre cote, ou tombait la pluie et ou sevissait le brouillard. Je me disais : tu vois, toi tu es du nord, et dans le karst le vent souffle, le soleil brille, il y a des pins et des figuiers... L'Europe centrale - terme que je n'emploierais jamais avec une connotation ideologique - c'est une chose qui est liee a des phenomenes de climat.= Handke reglait ainsi ses comptes, a sa maniere, avec tout ce qui l'avait contraint de quitter l'Autriche et d'emigrer a Paris. Predrag Matvejevitch l'article complet



La crise yougoslave lui font redecouvrir ses racines slaves. En 1991, il prend position contre l'independance de la Slovenie dont il est originaire. En 1996, il prend l'opinion publique occidentale a rebrousse-poils en soutenant sans reserve pour le peuple serbe. Il quitte l'Eglise catholique pour protester contre la position du Vatican dans le conflit.



Peter Handke, pro-serbe convaincu, accuse l'OTAN de perpetrer un =nouvel Auschwitz= en Yougoslavie. =L'OTAN est desormais parvenue a un nouvel Auschwitz=, a-t-il declare dans une interview au quotidien allemand Sueddeutsche Zeitung. =A l'epoque, il s'agissait de robinets de gaz et d'executions d'une balle dans la nuque, aujourd'hui, ce sont des computer-killer a 5000 metres d'altitude=, poursuit-il. La morale, a encore declare l'ecrivain et dramaturge, est =devenue dans cette guerre un autre mot pour designer l'arbitraire=. Peter Handke revendique haut et fort son enrolement dans la cause serbe. =Etre pro-serbe represente pour moi une distinction honorifique=, declare l'ecrivain (La Republique des lettres, 1999)



Parmi ses ouvres

Milos Soba (La Difference, 2001) : Un essais sur le peintre yougoslave.



Par une nuit obscure je sortis de ma maison tranquille (Gallimard, 2000) Le pharmacien de Taxham, faubourg de Salzbourg, raconte a l'ecrivain-narrateur l'etrange voyage qui l'a mene a l'improviste, a l'aventure, des mois durant, depuis l'Autriche jusqu'en Andalousie. Parti solitaire et muet, il en est revenu eveille et serein, apres un parcours apparemment arbitraire qui fut en somme initiatique. Jamais le grand ecrivain autrichien n'a sans doute mieux allie le romanesque a la poesie. A propos du livre





Preparatifs d'immortalite (L'Arche, 1998)



Mon annee dans la baie de Personne (Gallimard, 1997) Voyage interieur, somme de souvenirs et d'experiences du present, tentative de decrire le banal et le quotidien.



L'Heure ou nous ne savions rien l'un de l'autre (L'Arche, 1997) : Piece de theatre : Le personnage principal de cette piece est une place publique. Une place comme celle qui se trouve devant le Centre Commercial du Mail sur le plateau de Velizy, a laquelle Handke a dedie ce texte. Mais cela pourrait etre n'importe quelle place, et par consequent les individus qui la traversent sont des plus divers.



Les gens deraisonnables sont en voie de disparition (L'Arche 1997) : Piece de theatre dans laquelle le personnage principal prend tout a coup conscience qu'il joue quelque chose qui n'existe pas et que c'est ca la difference. C'est ca le desespoir .



Outrage au public et autres pieces parlees (L'Arche, 1997)



Encore une fois pour Thucydide (Bourgois, 1996) Impressions de voyage, scenes de la vie quotidienne : en Yougoslavie, au Japon, en France.



Un voyage hivernal vers le Danube, la Save, la Morava et la Drina (Gallimard, 1996)



L'Absence (Gallimard, 1993) Quatre personnages anonymes, une femme, un soldat, le joueur et le vieil homme, reunis par l'aventure de l'espace quotidien le decouvrent au fur et a mesure qu'il s'etend devant eux : le plus proche devient un paysage lointain, un terrain vague devient l'immensite, une etendue denudee le desert.



Essais sur la journee reussie (Gallimard, 1993) : Une journee peut etre vaste comme le monde, longue comme le temps meme, elle se dispose alors, a son rythme, selon sa propre = ligne de beaute et de grace = (). Mais la reussir c'est reinventer toute la poesie du monde et faire que l'histoire n'ait pas ete, comme au premier jour. Cette journee reussie toujours en suspens, on ne cesse de la voir en filigrane a travers toutes les autres.



Voyage au pays sonore, ou, L'art de la question (Gallimard, 1993)



Le vent et la mer (Bourgois, 1992) Recueil de pieces radiophoniques (des feuilletons) ecrites par l'auteur pour la radio allemande entre 1968 et 1970.



Espaces intermediaires (Bourgois, 1992) Entretiens en avril 1986, entre Peter Handke et un critique suisse, Herbert Gamper.



J'habite une tour d'ivoire (Bourgois, 1992) Recueil de textes et d'articles (reflexions, critiques, satires, pamphlets, etc.) publies entre 1965 et 1971. Essai sur la fatigue (Gallimard, 1991) Analyse de diverses formes de fatigue en relation avec l'insomnie, le couple, les amis et l'Autriche natale mal denazifiee de l'auteur. S'il est une fatigue qui creuse les etres, s'il est aussi une mauvaise fatigue oisive, celle des tueurs survivant de l'extermination, il en est une tout autre forme aussi qui tout au contraire les fait clairvoyants.



Gaspard (L'Arche, 1990)



Le recommencement (Gallimard, 1989)



La chevauchee sur le lac de Constance (L'Arche, 1989) : Piece en un acte pour cinq femmes et trois hommes. Un moment du quotidien ou des personnages, reunis dans une maison, parlent de tout et de rien.



Apres-midi d'un ecrivain (Gallimard, 1988)



L'histoire du crayon (Gallimard, 1987) : Notes ecrites entre 1976 et 1980, dans lesquelles vie quotidienne et creation litteraire se confondent.



Poeme a la duree (Gallimard, 1987)



Le chinois de la douleur (Gallimard, 1986)



La lecon de la Sainte-Victoire (Gallimard, 1985) : Seconde tranche d'une tetralogie entre Lent retour et Histoire d'enfant. Une reflexion a partir des toiles de Cezanne et de la montagne qu'elles representent, constituant un petit traite sur l'ecriture, la philosophie, la peinture.



Le pupille veut etre tuteur (L'Arche, 1985)



Histoire d'enfant (Gallimard, 1983 - 2001) : roman.



Langoisse du gardien de but au moment du penalty (Gallimard, 1982), roman.



Lent retour (Gallimard, 1982) : Premier volet d'une tetralogie. Le heros consentant et desempare est un geologue qui se rend en Alaska, puis retourne en Europe via San Francisco et New York.



Le Poids du monde (Gallimard, 1980).



La Femme gauchere (Gallimard, 1978 - 1980) : Sans raison , sous le coup d'une illumination qu'elle n'expliquera pas, la femme de ce recit demande a son mari de s'en aller, de la laisser seule avec son fils de huit ans. La voici, desormais, libre , bien que le mot, trop grand, trop precis, ne soit pas prononce, ni pense peut-etre. Avec la simplicite deroutante que nous lui connaissons, Peter Handke impose puissamment a l'enchainement des faits et gestes insignifiants de la vie quotidienne une dimension universelle et tragique.



L'heure de la sensation vraie (Gallimard, 1977) : Une errance parisienne, une peregrination-inventaire.



Faux-Mouvement (Bourgois) : Script d'un film realise en 1974 par Wim Wenders : le voyage que Wilhelm Meister - il ne porte pas par hasard, le nom du personnage de Goethe - entreprend a travers l'Allemagne. Du Nord au Sud. Il voudrait devenir ecrivain.



Le colporteur (Gallimard, 1969) : Une sorte de roman policier dans le style du nouveau roman .



Les frelons (Gallimard, 1983) : Une chronique campagnarde. Die Hornissen (titre original).



Sur la Toile




La Chevauchee sur le lac de Constance

Gaspard

Les gens deraisonnables sont en voie de disparition

L'Heure ou nous ne savions rien l'un de l'autre

Outrage au public / Prediction / Introspection / Appel au secours

Preparatifs d'immortalite

Le pupille veut etre tuteur


La Chevauchee sur le lac de Constance

(Traduit de l'allemand par Marie-Louise Audiberti)

1974, 88 p. - ISBN 2-85181-185-1

Gaspard

(Traduit de l'allemand par Thierry Garrel et Vania Vilers)

1971, 112 p. - ISBN 2-85181-025-1

Representee pour la premiere fois en 1968 a Francfort-sur-le-Main, la piece

Gaspard, nous dit Peter Handke, =montre comment, en parlant, on peut amener quelqu'un a parler; elle pourrait aussi s'appeler Torture verbale=. Ne sur la scene et ne vivant que sur scene, Gaspard apprend peu a peu a faire l'experience du monde, par le biais d'accessoires et d'objets usuels qui ne signifient rien; des voix =off= lui inculquent les mots, lui dictent ses comportements et l'enferment dans leur cercle jusqu'a ce qu'il soit devenu =comme celui qu'un autre a ete un jour= avant lui.

Les gens deraisonnables sont en voie de disparition

(Traduit de l'allemand par Georges-Arthur Goldschmidt)

1978, 96 p. - ISBN 2-85181-057-X

9 E

Hermann Quitt est un personnage eminemment complexe. Il est

entrepreneur, mais des le debut de la piece il nous devoile un etat d'esprit qui nous deconcerte: il est triste. Est-ce la tristesse - ce sentiment profond de se trouver dans une situation sans issue - qui amenera cet homme brillant a ouvrir une bataille sans merci contre ses concurrents? Cette tristesse est-elle la source de ce dedain complet vis-a-vis d'un representant des petits porteurs qui fait irruption dans le monde de Quitt et de ses confreres? Ou son comportement resulte-t-il d'un desir insatiable propre a ceux qui aiment s'exposer au risque? La piece ne nous livre pas une analyse psychologique, elle nous surprend par un feu d'artifice d'observations, d'idees, de reflexions qui non seulement se referent au monde des rivalites economiques mais aussi recapitulent toute la condition humaine.

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L'Heure ou nous ne savions rien l'un de l'autre

(Traduit de l'allemand par Bruno Bayen)

1993, 96 p. - ISBN 2-85181-322-6

11,90 E

En 1969, Peter Handke ecrivait Le Pupille veut etre tuteur. Une piece

sans parole faisant depuis partie du repertoire. Plus de vingt ans apres, l'auteur renoue avec cette forme. Le =personnage= principal de cette piece est une place publique. Une place comme celle qui se trouve devant le Centre Commercial du Mail sur le plateau de Velizy, a laquelle Handke a dedie ce texte. Mais cela pourrait etre n'importe quelle place, et par consequent les individus qui la traversent sont des plus divers: un equipage d'avion au complet avec ses bagages, un patineur a roulettes, une femme d'affaires moderne qui etudie son dossier en marchant, un telephone portable a la main, ou un groupe de bucherons, des haches et des scies sur l'epaule. Des cris d'alouettes, le bruit d'un avion ou une sirene de brume accompagnent la vie de cette place, sereine ou bruyante, venteuse ou calme, pendant cette heure ou tout le monde apparait sur la scene du theatre du monde, qu'il soit grand ou petit. Toutefois, est-il encore possible de rassembler les differents elements, de leur trouver une coherence? Cela ne peut etre devoile ici; l'epigraphe, tiree de l'oracle de Dodone, nous avertit: =Ce que tu as vu, ne le trahis pas, reste dans l'image.=



Outrage au public / Prediction / Introspection / Appel au secours

(Traduit de l'allemand par Jean Sigrid)

1968, 104 p. - ISBN 2-85181-080-4

8,99 E



=Les pieces =parlees= sont des representations theatrales non imagees en ce

sens qu'elles ne donnent aucune image du monde. Elles montrent le monde non sous la forme d'images, mais plutot sous la forme de mots; les mots des pieces =parlees= ne representent pas le monde comme une chose qui serait en dehors des mots mais plutot comme le monde dans le contexte des mots eux-memes. Les mots qui forment les pieces =parlees= n'offrent pas une image du monde, mais seulement une notion du monde. Les pieces =parlees= sont theatrales en ce qu'elles puisent tout naturellement dans le langage reel. Elles se servent uniquement de formes qui, meme dans la realite, sont l'_expression de notre nature, c'est-a-dire qu'elles empruntent aux formes de langage purement orales. Les pieces =parlees= usent donc du langage naturel de l'insulte, de l'introspection, de l'aveu, de l'affirmation, de l'interrogation, de la justification, de la dissimulation, de la prediction, du cri de detresse. Elles appellent la presence d'un interlocuteur, d'une personne au moins, qui ecoute. Sans quoi, elles ne seraient pas des expressions spontanees, mais seulement des elucubrations d'auteur. En cela, les pieces = parlees = sont du theatre. Elles parodient sur le ton ironique tout ce que l'on trouve dans les formes de langage que je viens d'enumerer.=




Preparatifs d'immortalite

(Traduit de l'allemand par Bruno Bayen)

1998, 128 p. - ISBN 2-85181-410-9

11,90 E



Le theatre: une sorte d'enclave sous un ciel limpide. Elle est deserte. Se

detache un grand-pere presque nu, entoure de deux femmes sur le point d'accoucher.

=Vengeance! Vengeance? Justice!= sont les trois premiers mots prononces par le grand-pere. L'ere lumineuse d'un horizon ferme, l'etendue paisible d'une enclave, la tranquillite d'un petit peuple sont revolues. La guerre s'infiltre, des freres meurent pour des armees etrangeres et des femmes mettent au monde des enfants dont on ne connaaisaitt guere les peres. L'espoir, par qui et par quoi pourrait-il surgir? Pablo et Felipe, bien qu'encore dans le ventre de leurs meres, sont destines a rendre a leur peuple son histoire et sa justice, et par la epargner le declin a leur enclave. Tandis que Pablo est appele a devenir roi, Felipe essaie de recrire l'histoire. Ses efforts, ses ecrits restent vains, il n'arrive pas a vaincre l'absence de tout sens historique. C'est seulement lorsque Pablo revient du vaste monde, que l'espoir s'installe. Pourtant la =Section des Pourchasseurs d'espace=, cette bande d'inconnus, se fait de plus en plus menacante.



Le pupille veut etre tuteur

(Traduit de l'allemand par Philippe Adrien et Heinz Schwarzinger)

1985, 64 p. - ISBN 2-85181-053-7